La bibliothèque in situ n° 12


Lieu : Kembs et Hirtzfelden (Haut-Rhin)

Date : les 26 et 27 août 2015

Heure : entre 10 : 00 et 17 : 00

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Les conseils de deux anciens projectionnistes ainsi que ceux de Cécile Babiole et Sarah Brown, co-réalisatrices d’un documentaire sur les outils de projection du cinéma avant le numérique.

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Un nouveau billet dans la série in situ bien qu’en vadrouille dans sa forme, puisque Cécile et Sarah sont des artistes invitées par l’Espace multimédia « hors les murs » pourrait-on dire.

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Dans la série Machines obsolètes, une archéologie des médias, l’Espace multimédia gantner poursuit son exploration des machines oubliées ou en voie de disparition. Après une immersion au cœur de la mécanographie à travers un double travail de Cécile Babiole : un podcast vidéo et une pièce sonore (pour arte radio) effectué à Belfort, c’est de nouveau avec Cécile et cette fois-ci avec Sarah que le cinéma devient le sujet du second volet de cette série, avec un coup de projecteur sur un métier spécifique : celui de projectionniste.

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Deux jours de tournage étaient prévus pour rencontrer deux passionnés Antoine Scholler à Kembs et Jean-Jacques Meyer à Hitzfelden. Avant d’entendre ces deux trésors vivants, comme l’on dirait au Japon nous confier quelques savoureuses anecdotes, donnons la parole à Cécile qui nous dit quelques mots sur ce projet : contexte et enjeux, ainsi que sur le dispositif qui la conduit pour la première fois à s’associer avec Sarah Brown, pour un travail à quatre mains/quatre yeux, enthousiasmant !

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Elle en profite pour nous recommander la lecture du dossier de MCD consacré à l’archéologie des médias dont la coordination fut confiée à l’école d’art supérieure d’Avignon via son laboratoire PAMAL et évoque aussi le travail de Julien Maire, qui sera bientôt visible à l’espace multimédia.

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Mercredi 26/08

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Nous avons donc rencontré Antoine Scholler, né dans un cinéma, ce passionné de projection « à l’ancienne » est un habitué du cinéma itinérant qu’il a beaucoup pratiqué. Nous lui demandons de commenter les trois grandes marques aperçues dans son garage-atelier où sont conservées quelques machines : Cinemeccanica (Milan), Micro-ciné (Bologne) et Bauer (Stuttgart). Ensuite Antoine pose volontiers devant l’affiche de Jour de Fête de Tati, un film emblématique du cinéma, qu’il a vu jeune et qu’il apprécie toujours. Nous glissons en guise de rebond documentaire le cd Sonorama ! / Tati, Jacques. – Naïve, 2008 (P). – 2 d.c.: digibook. Disponible à la médiathèque de Delle et à l’Espace multimédia.

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Nous faisons ensuite réagir Antoine devant les nombreux badges du festival de Gérardmer conservés précieusement dans son atelier : l’occasion pour lui de nous dire quelques mots de cette communauté professionnelle qu’il a plaisir à retrouver chaque année : de l’exploitant de salle aux réparateurs agréés, autant de passionnés, comme lui.

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Jeudi 27/08

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C’est un grand enfant que nous avons rencontré jeudi en la personne de Jean-Jacques Meyer, le fils du bien connu Emile (projectionniste itinérant de nombreuses années à Bollwiller, Cernay, Guebwiller et Rouffach). Jacques-Jacques fut mineur (conducteur de train) avant de pouvoir se consacrer pleinement à sa passion, l’une d’elle car cet autodidacte qui n’aime pas s’ennuyer sait également sculpter, et imagine des décorations de Noël qui sont appréciées en hiver par ses voisins de la rue de Verdun.

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Jean-Jacques a bien voulu nous dire quelques mots sur son étonnante collection de réclames publicitaires sur plaques de verre, puis il se souvient du début du cinéma 3D dans les années 80 (avant Avatar !) grâce à de magnifiques lunettes striées Tridis made in France précieusement conservées dans son archive.

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Enfin, il se souvient de son film fétiche : Le Ben Hur (1959) de William Wyler, né à Mulhouse, en 1902 alors sous domination allemande.

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Nous en avons profité pour relever deux références bibliographiques dans son atelier : deux livres :

– Le cinéma et ses techniques / Michel Wyn – Editions techniques européennes, 1973

– « Secrets du cinéma » Gallimard Jeunesse, 1995 : Livre atelier de Gérard Marié et Pierre-Marie Valat.

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Il nous commente quelques pages du second destiné aux enfants

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Nous vous proposons pour clore ce billet qui marque le redémarrage du présent blog après 3 semaines de pause estivale, par l’écoute de deux pistes sons emblématiques du cinéma analogique : un extrait des Actualités parlées, des images de la planète qui précédaient le film, projetées dans les années 50 et ensuite l’écoute d’un carillon qui annonçait à l’époque que le film allait commencer pour reprendre à quelques mots près un titre de Maurice Lemaître.

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Sarah et Cécile sont en train de derusher leurs images et entretiens, il leur reste désormais à poursuivre ce second volet de la série Machines obsolètes en se rendant tout prochainement à Strasbourg pour y rencontrer un jeune projectionniste qui a connu les deux modes de diffusion l’analogique et le numérique, gageons que son témoignage complétera parfaitement les propos déjà recueillis auprès d’Antoine et Jean-Jacques.

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Bibliographie : Disponibles à l’Espace multimédia :

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  • Gaumont [Texte imprimé] : 90 ans de cinéma / Philippe d’ Hugues ; Dominique Muller. – Ramsay, 1986

Et notamment le chapitre : « De l’invention technique, des studios et des salles » : p 90 à 123.

  • Les passagers de la Grande Ourse [Texte imprimé] / texte de Paul Guth. – Gallimard : Réunion des musées nationaux, 1995
  • Les Pionniers du cinéma [Texte imprimé] / Isabelle Cahn, Olivier Morel. – Ed. courtes et longues, 2008
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En ultime rebond, nous suggérons de visionner ce documentaire diffusé quasi simultanément à l’écriture de ce billet, mardi 1er septembre à minuit sur Arte :
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Site-Claudio Pazienza
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« Archipels nitrate, le nouveau film de Claudio Pazienza, sans conteste l’un des cinéastes les plus insolites d’aujourd’hui. Usant d’un sens du montage consommé et d’une malice bien aiguisée, Pazienza rend ici hommage à la Cinémathèque royale de Belgique et à Jacques Ledoux, qui en fut le responsable de 1948 à 1988. Par-delà cet hommage, et les questionnements sur la conservation des films, Archipels nitrate prend la matière même pour sujet – un film, ça peut se voir mais aussi se toucher et se sentir – et véhicule une foi immense dans les pouvoirs du cinéma : le temps passe, les bobines dépérissent (80% des films tournés avant 1930 ont disparu, nous rappelle le film) mais les souvenirs persistent et le désir insiste. »
Ce film n’est pour l’instant visible ni sur la médiathèque numérique.com ni dans les collections videos de la médiathèque départementale. Nous notons dès à présent cette référence et veillons à indiquer sa disponibilité dès que possible.
Par contre, pour toute personne intéressée par ce sujet, nous vous recommandons de visionner ce passionnant documentaire, dont voici la fiche bibliographique détaillée
L’Avenir de la mémoire (DVD)
 
Auteurs : Diane Baratier, Monteur ; Jean-Claude Carrière, Personne interviewée ; André Sylvain Labarthe, Personne interviewée ; Jean-Pierre Beauviala, Personne interviewée ; Monique Koudrine, Personne interviewée
 
Éditeur : Bois-Colombes : Les Films du paradoxe, 2014
1 DVD 2 couches sur une simple face (01 h 25 mn)Présentation : 16/9, coul., (PAL), Son. (Stéréo; français)
ISBN/ISSN/EAN : 3760010556924

Résumé : Film personnel de la directrice de la photo d’Eric Rohmer (Diane Baratier) sur les conséquences du passage de l’argentique au numérique dans le monde du cinéma. De la fermeture des laboratoires aux inventions géniales d’artisans français, le film donne la parole à différentes personnalités connues pour leur engagement cinématographique.Note de contenu : Entretiens avec Jean-Claude Carrière, Jean-Pierre Beauviala, André S. Labarthe, Jean-Pierre Neyrac.

Cote : AIM BAR, disponible à l’espace multimédia gantner

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Textes, entretien et photographies : Fabien Vélasquez

Remerciements chaleureux à Cécile Babiole, Sarah Brown, Antoine Scholler, Jean-Jacques Meyer et son épouse qui nous a offert un délicieux repas le 27/08 à midi.