Bunga Bunga


Aujourd’hui dans la rubrique insolite, le livre « BUNGA BUNGA » de l’artiste milanais Lorenzo Tricoli. Ce livre d’artiste est une série limitée, auto-publié en 2014 et tiré à environ 100 exemplaires.

 

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C’est un recueil de portrait des 13 jeunes femmes identifiées comme ayant participées aux soirées « BUNGA BUNGA » organisées par Silvio Berlusconi impliquant des relations sexuelles tarifées. Le 14ème portrait est celui de Ruby Rubacuori de son vrai nom Karima El Mahroug, danseuse de discothèque mineure par qui le scandale – ou Rubygate – est arrivé.

 

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Ces portraits sont divisés horizontalement en trois parties interchangeables. Cette mise en page, n’est pas sans rappeler le livre-objet de poésie combinatoire « 100 mille milliards de poèmes » de Raymond Queneau, publié en 1961, dans un autre registre…

 

 

Cette mise en forme est une métaphore de la société de consommation actuelle mais aussi et surtout de la façon dont Silvio Berlusconi voit les femmes, comme des produits de consommation interchangeables et malléables à souhait. Avec certaines combinaisons il est même possible de supprimer le regard où le nez des jeunes femmes tout en conservant leur sourire. Négation ultime d’une humanité bafouée.

 

Certains comme le collectionneur et galeriste Brad Feuerhelm voient en ce travail un rapprochement avec les études du professeur italien de médecine légale, co-fondateur de l’école italienne de criminologie Caesare Lambroso (1835-1909).

En 1876 il publie « l’homme criminel » (L’Uomo delinquente) vaste recueil de conclusions anthropométriques visant à prouver que la criminalité découle du physique de l’individu et non du milieu dans lequel il évolue.

 

Il publie ensuite « La Donna delinquente, la prostituta e la donna normale » traduit en français en 1896 sous le titre « La femme criminelle et la prostituée », il fait de la prostitution l’équivalent féminin de la criminalité, et où il écrit, phrase célèbre, « la criminelle-née est pour ainsi dire une exception à double titre, comme criminelle et comme femme (…) Elle doit donc, comme double exception, être plus monstrueuse »…

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Ouvrage conservé dans la reserve de la médiathèque, disponible sur demande. COTE : AA TRI,

A lire également sur le sujet « Une leçon d’anatomie Figures du corps à l’école des beaux-arts », Beaux-Arts de Paris les éditions, 2009. COTE : ADA COM

 

Texte et photo livre : Sophie Monesi