Début septembre Félicien Goguey est venu quelques jours pour finaliser quelques réglages techniques* sur sa pièce Masquerade, récemment acquise par l’Espace multimédia Gantner. Ce billet contient deux séquences sonores. La première est constituée d’un échange informel avec Félicien et une partie de l’équipe de l’EMG, au cours duquel il rappelle le contexte de réalisation de cette installation qui fut initialement présentée, en 2015, pour son diplôme à la HEAD au sein du Master Media Design.
*: L’art numérique nécessite une attention particulière dans sa maintenance et sa conservation.
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Aujourd’hui doctorant à l’EPFL et assistant d’enseignement du Master Media Design à la HEAD, il poursuit sa réflexion sur la protection des données et la transparence des réseaux
Inspiré par la LOI n° 2015-912 du 24 juillet 2015 relative au renseignement , cette pièce porte un regard critique sur les outils de surveillance : « A travers ses workshops, Félicien Goguey pointe du doigt les excès liés à des outils de surveillance tels que les boîtes noires – des serveurs qui analysent le trafic en recherchant des comportements suspects – ou les IMSI-catchers, ces dispositifs de la taille d’une valise qui se font passer pour des antennes relais et permettent d’intercepter, sur près de deux kilomètres, non seulement des conversations mais également des données contenues dans les smartphones. Le jeune homme conserve cette même visée pédagogique dans ses installations, où il utilise des moyens similaires à ceux des gouvernements pour interpeller le spectateur. C’est d’ailleurs en se penchant sur un texte de loi français lié à la surveillance qu’est né son travail Masquerade, (…)Ce projet nous était présenté comme une mesure antiterroriste. En l’analysant, je me suis rendu compte qu’il ne portait pas uniquement sur des menaces d’attentats mais visait aussi la protection de données économiques ou scientifiques. » (William Türler: – in Le designer engagé contre la surveillance de masse : La tribune de Genève , 19/09/2017).
Lors de son jury de mémoire soutenu aussi en 2015, il a eu l’occasion d’échanger avec SalinaSavic ou EtienneMineur, tous deux intéressés à divers registres par les problématiques soulevées par le jeune artiste. A noter que Daniel Pinkas, qui fut longtemps enseignant à la HEAD et tuteur de Félicien, est l’auteur de l’ouvrage « La matérialité de l’esprit : Un examen critique des théories contemporaines de l’esprit » (La Découverte, 1995 : 416 pages), qu’il est pertinent de rapporter en écho à ce billet.
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Dans la seconde séquence sonore enregistrée la veille du vernissage de l’exposition « Sortir du désenchantement du numérique » (où Masquerade est exposée), Félicien a pris quelques minutes pour nous livrer quelques références bibliographiques, qui lui furent utiles lors de l’écriture de son mémoire et qui ont guidé sa réflexion. Il cite notamment « Obfuscation : A User’s Guide for Privacy and Protest » de Finn Brunton et Helen Nissenbaum, paru en 2015 au MIT ou encore le petit livre vert Public Domain, édité chez Merian Verlag en 2015, l’un des trois titres d’une collection au design très soigné. Sa pièce est donc à découvrir jusqu’au 19 janvier 2019, à l’EMG.
La bibliothèque in situ a profité de la présence de Jean-Marc Fiess en marge d’une formation POP UP pour le rencontrer. Quelques minutes avant de reprendre son train pour Paris, il a fait escale à Bourogne après avoir passé la journée à la médiathèque d’Argiésans, où il a animé la seconde partie de la formation POP UP (déroulée sur deux journées). Un échange d’environ 15 minutes au cours duquel il se présente, ainsi que certains de ses livres. Il commente également, la formation qui vient d’avoir lieu et décrit l’enthousiasme que les bibliothécaires ont eu à expérimenter le pliage durant cette journée pratique. Nous en profitons pour lui demander en tant qu’ « expert », s’il peut nous recommander des auteurs de livres pop-up qu’il apprécie particulièrement. Il cite Lothar Meggendorfer (1847-1925), un illustrateur allemand de renom, auteur du « Grand théâtre des automates » (trad. Française, 1997). Le second nom qui lui vient à l’esprit est Jan Pie?kowski, un illustrateur polonais, né en 1936 toujours en activité (5 occurrences dans les collections départementales) et auteur du célèbre La Maison hantée*(indémodable en ces temps d’Halloween!).
* : disponible (traduit en 1993, réédité en 2013) chez Nathan.
Jean-Marc Fiess est présent 5 fois dans les collections départementales : consultez le catalogue.
En juin dernier, La Bibliothèque en vadrouille dans son 124ème numéro, avait rencontré les créateurs d’un livre pop up unique, réalisé dans le cadre d’une résidence proposée par les Ateliers Médicis à Rougemont-Le-Château.
Légende : Jean-Marc Fiess découvre Les Voyages Topo-graphiques de Jules Verne, un document multimédia du fonds documentaire de l’EMG et une résonance topographique : soleil couchant à la gare TGV : flicker naturel…
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Texte, photographies et entretien : Fabien Vélasquez
Remerciements : Jean-Marc Fiess, Isabelle Walter (coordinatrice du Plan de Formation des médiathécaires départementaux)
Le Festival Contes et cie est transfrontalier. L’invitation d’auteurs romans réunis dans un collectif dénommé AJAR dans le Canton du Jura voisin, a attiré notre curiosité et nous a incité a passer la frontière pour expérimenter une forme in situ de création littéraire…
Légende : Début de la visite : gestes et échos se rencontrent…
La bibliothèque en vadrouille a pu assister à une proposition originale, imaginée par la Bibliothèque cantonale du Jura et le collectif de jeunes auteurs romans AJAR. Durant une matinée, divers temps de lecture ont été proposés (trois séquences disséminées dans divers endroits de la ville) aux visiteurs-promeneurs qui souhaitaient découvrir ou redécouvrir la cité des Princes-Évêques. Nous avons participé à l’une des déambulations et avons fait escale, d’abord dans une venelle où une photographie de René Lièvre (exposition-parcours dans la ville) était installée et dont le cadrage résonnait avec l’architecture et la lecture…
Dernière étape, dans une galerie aux pierres apparentes pour l’écoute d’un texte qui rend hommage à W. Renfer de manière pétillante et humoristique ou un portrait de l’auteur tentant de s’accomplir dans l’incertain (On pense aussi parfois à certains textes de Cyrille Martinez cf. Le poète insupportable).
La visite était assurée par une des guides de l’association des guides de Porrentruy qui habilement, conduisait les auditeurs d’un point d’écoute à l’autre, tout en, en profitant pour révéler quelques informations contenues dans le circuit secret associant Patrimoine et Histoire de manière ludique.
Légende : un film d’animation caché dans un recoin de l’Hôtel-Dieu, non loin de la seconde esplanade de lecture.
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En fin de matinée, revenus dans l’espace Renfer pour partager un café ou un jus de pomme, nous retrouvons les 6 auteurs-lecteurs du jour, tous membres de l’AJAR pour un tour de table durant lequel, ils vont collectivement s’atteler à décrire ce qui fait la spécificité de leur démarche : collective ? Collaborative ? Écrire à plusieurs à l’ère des technologies est un exercice qui requiert une certaine méthodologie. Ils nous parlent de tout cela : Écriture, lecture à haute voix et filiation (ou non) de leur collectif par rapport à d’autres mouvements ou courants littéraires antérieurs.
Légende : Le spectacle est dans la rue (Cassandre), il suffit d’ouvrir les yeux : Ben nous fait un clin d’œil et BatiGénie adoube cette déambulation via ce readymade impromptu rencontré en chemin…
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Entretiens avec les collègues de l’Espace Renfer :
En complément, nous avons recueilli le témoignage de Géraldine Rérat-Oeuvray, la directrice de la Bibliothèque cantonale qui rappelle le contexte dans lequel ce projet s’est imaginé.
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Julien Berberat, animateur-coordinateur des manifestations tenues à l’Espace Renfer réagit également :
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Le collectif AJAR a publié plusieurs ouvrages dont Vivre près des tilleuls («par Esther Montandon») Ouvrage du collectif L’AJAR (Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands) publié à l’été 2016 chez Flammarion.
Du 17 au 19 septembre se tenaient les 32ème Journées d’études des bibliothèques départementales, les premières sous l’ère de la nouvelle dénomination de l’association ABD (Association des Bibliothécaires Départementaux). Près de 200 professionnels venus de toute la France ou presque, se sont retrouvés pour deux jours et demi de vifs et intenses échanges, ateliers et conférences. Après Strasbourg en 2017, c’est autour de Rodez et Conques-en-Rouergue d’accueillir une « nuée » de bibliothécaires départementaux.
Ce billet, à la manière d’un carnet de bordchronologique, propose de rendre compte via divers échos sonores, textuels et visuels, de ce qui s’est déroulé à Rodez et Conques, entre convivialité, écoute, curiosité, des échanges tous azimuts. Le thème de ces journées était : « Attractivité des territoires : quelle place pour les bibliothèques ? » Dans un contexte de recomposition territoriale (renforcement des intercommunalités) et de changements démographiques (dépeuplement de certains départements), l’Aveyron qui organisait ces journées, constituait un cas d’école particulièrement pertinent pour questionner cet enjeu dont bien des collectivités se sont emparées. Certaines se sont engagées dans de véritables démarches de marketing territorial visant à « vendre » son territoire, le rendre attractif (valoriser la qualité de vie, le potentiel d’emplois) et veiller à y maintenir un haut niveau de service public pour leurs habitants (contexte de changements profonds « à tous les étages » : Fermeture de bureaux de poste, maternités, lignes de train*…).
Le site Internet de la collectivité de l’Aveyron contient une rubrique intitulée « Attractivité et Services » qui comprend elle-même 10 sous-rubriques développant les atouts du Département dans divers champs (économie, numérique, emploi, agriculture, santé, …). Ceci démontre que le Conseil Départemental a pris à bras le corps cette thématique, comme en témoigne l’intervention percutante d’Alexandre CAYRAC, responsable de la « Cellule marketing du territoire et accueil de nouvelles populations » au CD12 (Mercredi 18/09 à 13h45).
* La Ligne de nuit Paris-Rodez est maintenue et sera modernisée (nouvelles rames).
Lundi 17 septembre
Après un mot d’accueil par Jean-François Gaillard, Président du Conseil Départemental de l’Aveyron a ouvert les Journées d’études en citant Montaigne et ce propos à propos du livre : « C’est la meilleure munition que j’ai trouvée à cet humain voyage ». Voyage qui fut trois jours durant, dense et riche en échanges et discussions entre des professionnels de diverses régions de l’hexagone. Anne-Marie Bock et Xavier Coutau ont ensuite ouvert les Journées d’études (JE), en rappelant notamment que les JE de 2013 et 2015, avaient abordé des thématiques proches de celle étudiée cette année. Trois ouvrages sont évoqués lors de ces prises de parole : La France périphérique : Comment on a sacrifié les classes populaires de Christophe Guilluy (Flammarion, 2014), L’égalité des territoires, une passion française de Philipe Estèbe (Puf, 2015) et Concevoir une bibliothèque rurale (coédition ABF et ABD, 2018).
Une première conférence en plénière fut proposée aux congressistes : Lise Bourdeau-Lepage, géographe et économiste a proposé une communication intitulée « Attractivité et territoires, marketing et/ou vivre ensemble ». Venue de Lyon, où elle enseigne, elle a dressé un tour d’horizon de divers outils disponibles pour sérier ce concept-hybride (emprunts à l’économie, au marketing, au développement local, ..). De retour du déjeuner, nous prenons quelques instants pour converser avec Lise et lui demander une synthèse de ses propos. L’échange permet de citer, une parution qu’elle a coordonnée : Nature en ville. Désirs et controverses (éditions Librairie des Territoires, 2017).
Arrive après, un temps d’ateliers simultanés (5) baptisés « Zoom sur ». Nous assistons à celui intitulé « Le numérique et le label BNR, couteau suisse et nouveau levier d’attractivité? ».
Après un rappel du fonctionnement du dispositif BNR par Laurine Arnoult, l’atelier animé par Christel Belin (BDP Isère) a vu se succéder divers témoignages de collègues (Drôme, Hérault, Finistère, Isère et Vosges). Les Vosges ayant monté une offre sans le soutien du label BNR (obtenu par ailleurs par la bibliothèque municipale d’Épinal). Nous avons pu le lendemain de cet atelier nous entretenir avec Christel Belin et sa collègue Colette Sekerger-Minet; elles nous présentent en quelques mots, le laboratoire d’innovation ouvert depuis fin 2017 dans l’Isère, structure expérimentale visant à établir des connexions entre les divers services du Département pour stimuler la créativité, dans une démarche clairement inspirée par le design de services. L’Isère accueillera les JE de l’ABD en 2019, ce labo sera peut-être l’occasion pour les futurs congressistes de se familiariser avec ces nouveaux outils dont les médiathèques s’emparent avec curiosité.
Entretien avec Christel Belin et Colette Sekerger-Minet (BDP de l’Isère) :
En fin d’après-midi, par petits groupes, les congressistes ont la chance de pouvoir visiter le muséeSoulages, ouvert en 2014 suite à une donation de l’artiste bientôt centenaire. C’est le cabinet d’architectes catalans RCR qui a remporté le concours et qui a conçu un véritable écrin pour valoriser l’œuvre du peintre né à Rodez en 1919. Visite de l’exposition temporaire consacrée au mouvement artistique japonais d’avant-garde, Gutaï.
Légende : Magasins de la BDP 12… Rayon occitan et le fonds Rouquette…
Lors de l’apéritif dînatoire, une visite des locaux de la BDP de l’Aveyron est proposée. Nous échangeons avec plusieurs collègues, dont un petit groupe de bibliothécaires de Haute-Garonne qui nous content une proposition originale organisée dans leur Département : une visite de leur médiathèque (ouverte en 2012) lors des dernières Journées du Patrimoine, tenues le week end précédent les JE. Nous découvrons aussi la chapelle Paraire, un bâtiment, où Artaud fut interné entre 1943 et 1946.
Légende : Affiches d’expositions consacrées à Artaud
Mardi 18 septembre
La journée du mardi conduit les congressistes à Conques-en-Rouergue pour une journée dense dans un cadre fabuleux. Le centre européen d’Art et de Civilisation Médiévale est le théâtre des opérations de cette seconde journée des JE. Dans le bus, nous échangeons avec Thomas, un collègue de l’Orne qui nous présente le projet « Impressions sonores » mené dans son département, un exemple d’action culturelle de proximité.
La matinée est introduite par Pascal Desfarges, consultant-fondateur de l’agence Retiss, chargé de donner quelques tendances permettant aux congressistes d’imaginer collectivement (par petits groupes) la bibliothèque départementale du futur. Les divers participants se sont alors divisés en une douzaine de groupes, chacun chargé, d’abord de recueillir 3 idées clés formulées par chacun des participants, idées toutes ensuite triées, classées et synthétisées pour définir 3 enjeux prioritaires à mettre en œuvre. La parole et les échanges facilités par le petit nombre (10 participants environ par groupe) et par l’aspect ludique du processus (collecte via des post it mis en commun) ont permis de désigner des rapporteurs qui sont venus sur l’estrade de l’auditorium, rendre compte d’une forme de pensée collective exercée à plein régime durant un temps, pourtant relativement court. Pascal Desfarges proposera le lendemain, une synthèse de ce qu’il a observé durant ce grand atelier participatif, notion qui a fait l’objet d’un développement plus poussé lors de l’atelier (tenu mardi 18/09) intitulé « Transformer les bibliothèques par les démarches participatives : la garantie de bien faire ? »
Parmi les pistes dégagées (non exhaustives) : élaborer un plan de formation national (recension de l’offre de formation des diverses BDP), penser la bibliothèque comme un bien commun, incorporer l’innovation (Fab-Lab, tiers-lieu) et la co-construction dans les futurs chantiers de médiathèques.
L’atelier de l’après-midi auquel nous assistions était aussi celui dans lequel nous témoignions. Intitulé « Mutualisation, hybridation », il réunissait, trois témoignages, trois cas d’école de territoire où des équipements travaillent ces notions chacun dans un axe : à Arvieu (Médiathèque-maison des services et bientôt salle de spectacle), dans la Creuse (Boussac, où un important chantier est en cours pour implanter une médiathèque placée en « ultra-ruralité » qui dialoguera étroitement avec le monde de l’entrepreneuriat : écoutez le témoignage de Philippe Guillerme, directeur adjoint chargé de la culture à la Communauté de communes du Pays de Boussac dans la table ronde « Bibliothécaire, entrepreneur-euse en devenir » au dernier congrès ABF de La Rochelle, en juin 2018.) et dans le Territoire de Belfort (département frontalier qui, depuis 2001, a intégré à sa médiathèque départementale, un équipement devenu centre d’art contemporain en 2012, l’Espace multimédia Gantner, conçu comme service public de proximité « explorant le numérique » (signature-slogan) sous divers aspects : sociétaux, artistiques et ludiques / médiation & ateliers).
Légende : Pierre Miglioretti, rapporteur de l’un des groupes « Imaginons la BDP du futur… »
En sortant de cet atelier, pour débuter le temps libre octroyé par le programme bien rempli de ces JE, nous échangeons un instant avec Pierre Miglioretti, chargé de mission à Émergences Sud (l’ingénierie en action culturelle), cabinet installé à Cenon près de Bordeaux. Regard d’un consultant qui apporte un témoignage et discute volontiers de son métier. (NB : un Zoom sur … « Consultants et Bibliothèques départementales : regards croisés ? » se tenait lundi à 15h30). En fin de conversation, il évoque la figure de Doc Casimir Bisou alias Jean-Michel Lucas (un agitateur culturel dont on peut mentionner deux ouvrages : 1 et 2) et apprécie particulièrement ces « sphères de dialogue » que constituent les JE.
Légende : L’abbatiale de Conques et le groupe de congressistes visitant le village
Une visite du village de Conques est ensuite proposée, nous arpentons d’abord les travées de l’abbatiale guidés par une guide passionnée, puis nous délaissons ensuite temporairement les collègues, pour nous laisser tenter par quelques minutes de flânerie chez un couple de brocanteurs aux mille trésors… clin d’œil aux JE, nous découvrons une collection quasi complète d’ouvrages – guides des régions parus chez Christine Bonneton (installée à l’époque au Puy et aujourd’hui à Clermont-Ferrand).
Légende : La Meuse (ses bières fines) côtoie chez le couple Pinson (brocanteurs), les célèbres fils à broder DMC (Mulhouse, Haut-Rhin)
Nous faisons ensuite étape dans la librairie Chemin d’encre qui dispose d’un fabuleux et bien achalandé rayon Soulages. La gérante de la librairie Marie-Geneviève Fau, accepte de converser quelques instants avec nous et décrit toute sa passion pour ce métier qu’elle exerce depuis 11 ans. Elle nous présente notamment les éditions Invenit (Toucoing) qui publient de petits livres très soignés sur le rapport littérature & peinture, regroupés dans la collection Ekphrasis.
Le repas se tient sous une nuit de septembre étonnamment douce, dans le cadre somptueux de la terrasse du centre européen de rencontres (Nous y avons d’ailleurs découvert aussi deux ouvrages dans leur petite librairie-boutique, signés Hervé Di Rosa.) Le traiteur qui nourrit les congressistes depuis la veille se nomme François Arnaud. Lui-même et toute une équipe de serveurs et serveuses ne chôment pas et font découvrir les saveurs de l’Aveyron : « vivre vrai et manger bien », pourrait-on ajouter, tant leurs produits sont goûteux. Pour le dîner : traditionnel aligot et tendre viande d’Aubrac sont au menu, avec vins locaux bien entendu ! A la fin du service, nous discutons avec Guy, un retraité qui fait des extra, passionné par son métier, il nous offre généreusement quelques mots en occitan….
Légende : Fabrication de l’Aligot et instantané de la soirée festive, une chorale improvisée …
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Dédicace de Guy, serveur :
Puis, il poursuit et évoque le patois…
Le lendemain matin, nous rencontrons sur le marché vers 8 heures, Place du Bourg, François, le gérant quelques minutes après qu’il ait longuement échangé avec des confrères restaurateurs qui tous se retrouvent sur ce marché de producteurs locaux : nous recueillons son témoignage dans la rumeur du moment…
Entretien avec François Arnaud :
Autre rencontre insolite au cœur du marché… la date du 19 septembre marquait aussi l’ouverture d’une nouvelle fréquence de Radio Présence, à Rodez. Un média chrétien généraliste d’information. Court entretien à la volée avec Thibaut d’Hauthuille, le directeur de la station, juste à côté du plateau installé sur la terrasse d’un café de la Place du Bourg… Rodez, un territoire décidément attractif, puisque cette fréquence 103.9 est la 21ème en Occitanie pour cette radio dont le siège est à Toulouse. (NB : d’autres médias confessionnels ou régionaux existent, le fait d’évoquer celui-ci plutôt qu’un autre, est le fruit du hasard des circonstances).
Radio Présence : première prise d’antenne depuis Rodez…
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Mercredi 19 septembre
Les JE touchent à leur fin, quelques minutes avant la clôture, nous faisons la connaissance de Marie-Jeanne Chambrion, collègue de la médiathèque départementale du Cher qui nous présente la chaîne YOU TUBE de la médiathèque, révélée par une vidéo virale (6972 vues) : Bref, je suis bibliothécaire. Elle nous dit quelques mots de la série Cher(s) Bibtubeurs (3 numéros + un pilote), une initiative originale de la BDP qui repense les fonctions de et prescription/recommandation grâce au numérique.
Entretien avec Marie-Jeanne Chambrion (BDP du Cher) :
La matinée débute par un rapide retour sur l’AG de l’ABD tenue la veille à Conques et par la présentation des nouveaux membres du CA ainsi que par la communication du courriel de la salariée de l’association, à qui tout congressiste, intervenant ou participant peut transmettre diverses traces de ces JE : celine.rafron (at) gmail.com.
Olivier Zerbib, sociologue rend compte de l’étude commanditée par le ministère de la Culture autour des outils pour convaincre en bibliothèque (impact). Un exposé très clair et inspirant qui reprend des outils forgés par des chercheurs de renom (Bourdieu, Boltanski, Thévenot) issus de la sociologie et de l’économie, rassemblés sous l’expression « Echelle de la grandeur ». Lire sa communication.
Pour clore en beauté ces JE, le dessinateur Benoit Blein qui a suivi discrètement deux jours durant les 200 congressistes, a croqué avec subtilité, bienveillance et humour cette « espèce » des bibliothécaires départementaux, espèce débarquée en multitude en Aveyron. Le résultat : de nombreux croquis qui saisissent l’atmosphère des JE, un regard vif, malicieux qu’il partage aujourd’hui sur son site Internet.
Légende : Benoit Blein durant la visite du musée Soulages, le dessinateur au travail…
Nous l’avons rencontré, il témoigne au micro de la bibliothèque en vadrouille :
Son additionnel précieux, car nous apprenons par un inattendu rebond, que Benoit a été très impliqué dans un mouvement artistique lié au numérique : le net art, membre du collectif Anonymes.net, il évoque cette période et cette autre facette de ses activités créatives, et nous recommande quelques œuvres réalisées au milieu des années 2000 :
Ultime halte sonore, avec trois collègues de la BDBR : Anne-Marie Bock (Directrice et Co-présidente de l’ABD), Clara Del Piano et Céline Corbieres-Sigrist. Bien que n’étant pas réalisé à Rodez, c’est encore nourri des ces 3 jours en Aveyron que cet échange a été enregistré sur une aire d’autoroute, sur le chemin du retour… Tour de table informel, où les trois collègues et moi-même, effectuons une dernière radioscopie des JE : effervescence, boîte à idées et partage sont les mots-clés qui ressortent unanimement.
Entretien avec trois collègues de la BDBR :
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Pour terminer le présent compte-rendu en revenant un instant sur sa thématique : l’attractivité des Territoires, on pourra peut-être puiser quelques idées du côté de nos voisins helvètes qui ont forgé une identité graphique forteMy Switzerlanddéclinant leurs atouts sous diverses formes (site internet, réseaux sociaux, et revue papier luxueuse – trimestrielle, 98 pages – diffusée gratuitement). Les JE de l’ABD de Rodez et Conques feront date, elles furent « intensément flamboyantes** » !
Bonus : De Paris / Copenhague à Rodez … Danielle Dastugue, Libraire & éditrice
En rédigeant, ce billet, il nous est venu à l’esprit qu’il serait intéressant de recueillir comme témoignage complémentaire, la parole de Danielle Dastugue, fondatrice en 1986 des éditions du Rouergue… Qu’est-ce qui la motiva à créer cette maison d’édition dont l’activité s’exerça dans le département jusqu’en 2010 ? (2004 : date du passage à Actes Sud, 2009 : Danielle quitte la direction des éditions) – Nous l’avons contactée à la mi-octobre. Elle qui est née en Savoie, porte un regard curieux sur ces Journées d’études qui se sont tenues dans son territoire d’élection et de cœur, où elle fut très longtemps investie d’abord comme libraire (C’est elle qui reprit en 1983, La Maison du livre, la librairie historique de la ville, ouverte depuis 1945), puis comme éditrice. Au cours de cet échange de près de 25 minutes, elle évoque le contexte dans lequel elle s’est installée à Rodez. Les éditions du Rouergue ont vu éclore dès 1993, une collection jeunesse (née par le fruit du hasard des rencontres), animée par Olivier Douzou, architecte et illustrateur (dessinateur du logo du Conseil départemental de l’Aveyron). Elle raconte combien Jojo la Mache fut accueilli (« L’as-tu lu mon petit loup ?« ) positivement à l’époque et comment débuta cette collection, qui reçut très vite de nombreux manuscrits. Simultanément, les éditions Le sourire qui mord (animées par Christian Bruel) avaient déjà entamé un travail remarquable d’édition pour la jeunesse. Elle réagit de manière spontanée, sur ce qui fait, qu’elle se sent bien dans ce département et nous confie pour clore ce stimulant échange, que l’un de ses villages préférés, est Belcastel, où s’établit (1970-1986), l’architecte Fernand Pouillon.
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Entretien, première partie :
Entretien, seconde partie :
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Bonus Bis :
Nous avons également « cueilli » deux témoignages d’habitants de Rodez, deux ruthénois rencontrés là encore sur notre route : Jean, un passant profitant (au calme et bercé par le vent) du Jardin du Foiral, à proximité du musée Soulages et Franck, le gérant du service de nuit des Colonnes, un café de la place d’Armes, situé non loin de la cathédrale. De retour de Conques (nous le rencontrons en regagnant notre hôtel), il nous révèle que les cloches l’abbatiale ont temporairement quitté le village pour être restaurées. Leur déplacement a nécessité une intervention spectaculaire, comme l’atteste ce reportage réalisé par France 3 Occitanie en juillet dernier.
Légende : la Salle des Fêtes, où se tenait une partie des JE, et Jean et son épouse sur un banc du parc Foiral.
Écoutez Jean :
Écoutez Franck :
Remerciements : Médiathèque départementale de l’Aveyron : son directeur et toute son équipe, l’ABD (Bureau), les diverses personnes (collègues et autres individus ayant spontanément pris quelques minutes pour discuter) interviewées et un remerciement particulier aux collègues de la BDBR, connues durant un double covoiturage cordial et chaleureux et Danielle Dastugue (éditions du Rouergue).
Photographies, textes et entretiens : Fabien Vélasquez