La bibliothèque in situ n° 51 : Donner forme à l’éther


Du 19 juin au 27 novembre 2021, l’Espace multimédia Gantner fait la part belle au radio art, dans le cadre de l’exposition Donner forme à l’éther.

La radio y est abordée dépouillée des productions sonores auxquelles nous sommes habitués, et nous plonge dans le mystère impalpable des ondes, dans l’éther composé « des substances subtiles distinctes de la matière permettant de fournir ou transmettre des effets entre les corps » (in Dictionnaire d’histoire et philosophie des sciences. Article Éther rédigé par M. Scott Walter).

Afin de faire plus ample connaissance avec l’univers des artistes ayant contribué à bâtir cette exposition, nous avons demandé à quatre d’entre eux de nous parler de livres et de disques issus de la collection documentaire de l’Espace multimédia Gantner, qui entrent en résonnance avec leur parcours artistique.

 

 

L’exposition est partie du fascinant livre Radio Art du pionnier des arts radiophoniques japonais, Tetsuo Kogawa, dont le coordinateur n’est autre que Pali Meursault, commissaire de l’exposition. Nous en avons profité pour lui demander de nous présenter cet ouvrage à l’aune de sa très bonne connaissance de la démarche artistique et philosophique de l’expérimentateur nippon.

 

 

 

Bologne, Italie, mars 1977. Le collectif A/traverso se décrivant comme « mao-dadaïste » pousse le gouvernement dans ses retranchements avec ses velléités autonomistes. Place à la liberté grâce à radio Alice, dont l’ADN est composé de poésie,  de luttes ouvrières, d’analyses politiques dans un esprit subversif. Le livre est devenu difficile à trouver, mais sa préface, disponible en ligne et rédigée par Félix Guattari reste une grande source d’inspiration pour les radios pirates et les radio libres jusqu’à aujourd’hui, à l’image du collectif ∏node , dont Nicolas Montgermont, artiste travaillant notamment sur les liens entre radio-art et politique est un des membres. Il nous parle ici avec ferveur de sa fascination pour ce petit livre essentiel dans son parcours d’artiste sonore, ainsi que de toute la « légende » qui l’entoure.

 

 

 

Dinah Bird vit depuis une vingtaine d’années à Paris, après avoir quitté son Royaume-Uni natal. Son investissement dans l’art radiophonique sous de multiples formes (émissions, soudworks, installations, publications audio) et sa collaboration avec Jean-Philippe Renoult ne sont pas encore prêts de s’arrêter. Elle a choisi de nous parler d’un livre mettant en lumière l’aventure expérimentale américaine du Black Mountain College (1933-1957) avec la démocratie et l’éducation de tous par chacun et la gestion collective de tous les aspects de la vie universitaire chevillées au corps, dont le maccarthysme finira malheureusement par avoir raison. Dinah Bird nous raconte qu’elle aurait adoré prendre part à cette expérience pédagogique pour le moins avant-gardiste en son temps.

 

 

 

Enfin, Jean-Philippe Renoult, partenaire de Dinah Bird, artiste radio, animateur d’émissions de radio, journaliste, écrivain est un passionné de sons, de musique et d’enregistrements. C’est pourquoi il a choisi de nous parler d’un album du compositeur, interprète et improvisateur américain Alvin Curran et de sa rencontre émouvante avec lui à Rome où il est installé depuis 1984.