La bibliothèque en vadrouille n°17


Lieu : écomusée du Pays de la cerise, Fougerolles (70)

Date : Dimanche 28 mars 2015

Heure : entre 17 et 18h

 

Les conseils de la compagnie Pièces détachées : Caroline Grosjean, Anne Savelli et Zidane Boussouf.

Invitée durant 5 jours dans le cadre d’une résidence proposée par l’Adim 70, Caroline Grosjean a œuvré dans le site étonnant de l’écomusée de la cerise.

 

 

Elle y a présenté P/A/R/T/I/T/I/O/N/S, un projet in situ qu’elle déploie en compagnie de plusieurs autres intervenants : la danseuse Magaly Albespy, l’écrivaine Anne Savelli et le metteur en ondes-créateur sonore, Zidane Boussouf.

Nous avons rencontré 3 de ces 4 interprètes présents à Fougerolles en ce dimanche de mars durant un moment de restitution du travail apprivoisé dans un lieu où s’entrecroisent le temps d’un après-midi, le patrimoine industriel et la danse contemporaine.

 

Antigone et le rouge

Caroline nous explique en quelques mots, la genèse de cette création puis nous parle de son livre fétiche qui lui a été recommandé par un jeune danseur amateur : il s’agit de Antigone d’Henri Bauchau, paru en 2001 aux éditions Actes Sud.

«Soudain le rouge est là, un rouge impérieux, qui subjugue, à la manière de Clios. J’ai aussitôt plaisir à le voir, à le respirer, à sentir sa joie dans mes paumes. Je désire m’engager plus avant dans sa sonorité. Je suis dans un rouge en mouvement. Je le touche sur les parois merveilleusement polies, je marche sur lui quand il prend la forme de larges dalles. Le rouge s’enfonce dans le noir et s’y mêle sans se perdre, de son audacieuse lumière Clios a fait jaillir mille couleurs. La grotte a la forme d’une demi-sphère qui s’allège en s’élançant légèrement vers le haut. Je suis émue par cette forme parfaite et par le jeu, le ruissellement des rouges, éclairés, assombris, transformés l’un par l’autre. Mon regard s’habitue à cette lumière mystérieuse et découvre la fresque qui me fait face. »

(p. 10, petit fragment en clin d’œil au rouge des cerises, qui vont bientôt mûrir à Fougerolles…)

Nous profitons de la proximité d’une vitrine dans laquelle se trouvent un tampon et un en-tête de lettre particulier pour lui faire un clin d’œil humoristique à ces 5 jours de danse qu’elle vient d’animer collectivement dans l’écomusée.

 

 

Dita Kepler, avatar imaginaire peuplant les résidences réelles d’Anne Savelli

 

Quelques minutes après la fin de ce moment dansé, nous avons fait la connaissance d’Anne Savelli. Anne a lu un montage de textes pour une grande partie tirés de « Ile ronde » paru en octobre 2014 aux éditions Joca Seria. Son blog évoque en ces termes son passage à Fougerolles :

 

« Je me souviens avoir pensé à la structure des jeux vidéo mais aussi à la danse, en écrivant Ile ronde. Les voir toutes deux incarner plus tard dans la journée le corps dédoublé de Dita Kepler sans être dans l’illustration, sans qu’on y voit un géant, une jeune fille (que de toute façon je vais expulser du texte lors du montage de dimanche), c’est un grand moment. »

 

Cette lecture existe aussi dans une version codée, disponible sur le site remue.net qu’Anne a élaboré avec l’aide de Joachim Séné.

Pour connaître le sens caché derrière cet avatar, nous vous invitons à écouter la fin de l’entretien, Anne nous y dévoile comment elle a construit son avatar.

Son prochain ouvrage est à paraître aux éditions La Marelle, un éditeur de livres numériques à Marseille.

 

 

Après la lecture qu’elle vient de donner accompagnée par Zidane Boussouf au son, lui demandons de nous parler de la littérature numérique, un domaine qu’elle a investi dès les débuts de la toile à la fin des années 90.

Plutôt que de nous recommander des livres, elle nous incite à surfer et à lire plusieurs sites Internet d’auteurs œuvrant sur la toile.

 

 

 

Petit son bonus : invitée du festival Les petites fugues en 2013, Anne se souvient avec émotion de sa venue à l’EPIDE de Belfort, où elle avait rencontré des jeunes gens impliqués et qui lui avaient témoigné un vif et créatif intérêt autour de son ouvrage Décor Lafayette, édité en 2013 aux éditions Inculte.

 

Brian Eno, limpide et ancré à la fois dans le présent et le futur

 

 

Enfin, quelques mots échangés avec Zidane, très sympathique créateur sonore qui revient en quelques mots sur sa rencontre avec Anne Savelli et la manière dont ils ont travaillé ensemble. Pour lui, c’est Brian Eno qui constitue le compositeur qui le pulse et l’enthousiasme, l’occasion pour nous, de lui proposer l’écoute de ce podcast de la collection interstices [conception Xavier Hug] qui met en valeur le fonds sonore de la médiathèque de l’Espace multimédia gantner.

Textes, entretiens et photographies : Fabien Vélasquez

Remerciements aux membres de P/A/R/T/I/T/I/O/N/S et à Laëtitia Morand, directrice de l’écomusée du Pays de la cerise ainsi qu’à ses collègues.