La bibliothèque in situ n°32


Dates : 18 et 19 mai 2017

Résidence débutée le 15 mai.

 

Dans les coulisses  d’Engrenages avec le collectif Or Normes…

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Depuis le 15 mai, le collectif Or Normes investit l’Espace multimédia gantner, qui accueille une équipe constituée d’une auteure, une illustratrice, une artiste transmédia et une chercheuse en littérature numérique. En parallèle de cette résidence menée à Bourogne, une équipe technique (développeurs, codeurs) évolue à Poitiers à l’espace Mendes France. Deux des outils utilisés pour permettre une écriture élargie (vidéo projetée et directement incorporée dans la « moulinette » technique) sont un fichier Excel et une page éditée avec le logiciel Trello (utilisé pour le scénario pour faire des blocs de textes) ou Whaller (outil de gestion de projet/stockage des contenus médias et réseau social permettant la mise en place d’un travail en équipe et ce de façon connectée).

Une rencontre a été organisée avec plusieurs bibliothécaires du département pour présenter cette résidence qui vise à explorer une œuvre littéraire dite 3.0, créée par un outil d’écriture collaboratif.
Deux autres temps d’échanges ont été prévus : une discussion avec une dizaine d’élèves du collège de Seloncourt (Doubs) et une autre avec le public de l’Espace Mendès France à Poitiers, le vendredi.

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Nous donnons à entendre des bribes (échos) de la présentation qui a eu lieu avec les bibliothécaires.

Écoutez :

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La bibliothèque in situ a souhaité prolonger l’appréhension de la manière dont s’est déroulée cette résidence en rencontrant les quatre participantes au volet « franc-comtois » de la résidence : Christelle Derre, Anne Luthaud, Mélanie Grellier et Manon Picard. Artiste transmédia, auteure, illustratrice et doctorante en littérature numérique, toutes les quatre ont bien voulu prendre un moment pour confier quelques impressions au micro de notre blog. Entretiens.

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Entretien avec Christelle :

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Nous rencontrons d’abord Christelle (le 18/05), un entretien qui permet de présenter en quelques mots le collectif Or Normes qu’elle a cofondé avec Martin Rossi. Christelle revient sur l’adaptation de La grande môme (page facebook du projet et la bande annonce vidéo) de Jérôme Leroy (disponible à la médiathèque R LER G).

Ce projet a pu être soutenu par la médiathèque Pierre-Moinot de Niort. Un récit qui a vu ses personnages s’émanciper sur la toile, pour le plus grand bonheur de l’auteur. Nous avons souhaité clore cet entretien en soumettant à Christelle un court fragment « Du théâtral au théâtre » paru dans : « Postface : Un journal critique de l’avant-garde » de Dick Higgins (les presses du réel, 2006) : «  Un théâtre est un lieu conçu pour accueillir des événements. Si rien ne se passe réellement, alors le théâtre n’est pas utilisé dans le but qu’on lui assigne. » …

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Entretien avec Anne Luthaud :

 

Second entretien avec Anne Luthaud. Une auteure que nous retrouvons avec joie à Bourogne après une première résidence en 2004 (réalisée avec le CRL Franche-Comté).

Anne était particulièrement curieuse à l’idée d’expérimenter ce nouveau crayon intermédia et de confronter son écriture au regard d’autres interlocuteurs. Elle a pu constater les possibilités offertes par la mise en réseau d’un texte et apprécier la faculté qu’il a, de se déployer sur la toile. Habituée des univers marins, la porosité entre réel et fiction s’opère ainsi via l’imbrication dans le récit conçu à Bourogne, d’un témoignage issu du site Sosmediterranee. Anne relève encore l’effet d’infini, possible dans un récit hypermédiatique.

Nous lui lisons un extrait des écrits sur le cinéma d’Audiberti : « Il me semble qu’autrefois le cinéma, davantage, était mobile. (…) Les spectateurs avaient subi le cinéma-choc. Une furieuse démangeaison de gestes géométriquement héroïques peuplait leurs membres. » (1943 – in p. 227 : Le Mur du fond, éd. Les cahiers du cinéma, 1996). Une œuvre littéraire 3.0 peut-elle être aussi virale que le décrivait l’auteur de Les Médecins ne sont pas des plombiers ?

Anne Luthaud dont plusieurs récits sont traversés par un fil rouge maritime a donc écrit durant la semaine, un nouveau récit inspiré par cet élément naturel, cette citation découverte le 23 mai sur la façade de l’Auditorium de Dijon semble lui être adressée, « Rien ne vaut la peine d’être vécu, qui n’est d’abord une œuvre d’imagination ou alors la mer ne serait que de l’eau salée. » – Romain Gary, Les cerfs-volants, 1980.

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« Au moment où on lui raconte une histoire, Alice est précipitée dans un trou d’eau. Elle se retrouve nageant au large d’une île merveilleuse. Elle glisse dans la mer avec délice, un remous, elle boit la tasse… et se trouve projetée dans… une embarcation pleine de migrants ? Un voilier ? Un porte container ? Elle y rencontre un homme qui répète son nom deux fois, Alice-alice, il l’embrasse et la voilà toute petite… au milieu du sac d’un des migrants ? figurine encastrée dans la proue du voilier ? dans l’assiette d’un marin philippin qui pleure sa famille, une larme coule dans l’assiette, touche Alice, elle est maintenant dans un nuage au-dessus de la mer, calme plat. Elle veut retrouver l’homme qui lui a donné le baiser, elle le cherche, elle invoque les oiseaux qui passent en leur posant des questions, elle voit très loin au-dessous d’elle un cachalot blanc poursuivi par un vieux marin avec une jambe de bois, elle se bouche les oreilles pour ne pas entendre le chant des sirènes qui l’exaspère…
Elle retrouvera finalement l’homme au baiser mais sera-t-il à la bonne taille ? »
synopsis – Anne Luthaud

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Entretien avec Mélanie Grellier :

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Mel. / Mélanie a participé avec un grand plaisir à cette résidence, en tant que stagiaire du collectif Or Normes, qu’elle accompagne depuis plusieurs mois. Elle a pu au cours de la semaine réagir au texte élaboré par Anne Luthaud en proposant des illustrations (crayon à papier, croquis parfois retravaillés à l’ordinateur), tout en profitant de la présence de Christelle et de Manon (scénarisation & éditorialisation), brisant ainsi le traditionnel couple « auteur-illustrateur ». Mélanie cite deux illustrateur/trice qu’elle apprécie particulièrement : Sachin Teng et Adèle Labo.

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Entretien avec Manon Picard :

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Nous terminons l’entretien en compagnie de Manon Picard, une doctorante en littérature, compagne de route du collectif Or Normes depuis plusieurs projets. Avec elle, nous discutons de plusieurs notions forgées autour de ce projet et notamment le néologisme de notifiction (ou la notification comme incubatrice de récits). Au cours de ses études, Manon a eu l’occasion de se rendre au Canada pour travailler au ALN/NT2 : Chaire de recherche sur les arts et la littérature numériques – Laboratoire de recherche sur les œuvres hypermédiatiques. La discussion se poursuit en évoquant plusieurs personnalités actives sur le sujet sur les réseaux : Anaïs Guilet et son blog Le cyborg littéraire et Serge Bouchardon, l’un de ses enseignants à l’université de Compiègne. [L’un des contributeurs du n° 33 de la revue Passage d’encre (2008) dédié à la poésie numérique, disponible à la médiathèque : Cote APP PAS]. Ou bien encore Anne Savelli, rencontrée à Fougerolles à l’écomusée du Pays de la cerise en 2015 cf. La bibliothèque en vadrouille n°17. Enfin, avec Manon, nous évoquons les hasards conjoncturels, comme la diffusion le 17 mai (durant leur résidence), d’un épisode radiophonique des Nouvelles vagues dédiées à la lecture, intitulé  : « Ces nouveaux logiciels qui lisent ».

Remerciements à Christelle, Anne, Mélanie, Manon, Martin, ainsi qu’aux collègues du réseau de bibliothèques venu-e-s assister à la présentation.
Texte, photographies : Fabien Vélasquez.

Avec le soutien de La Commission intercantonale de Littérature (CiLi) des cantons de Berne et du Jura.