La bibliothèque in situ n°40


Date : 6 et 7 avril 2018

Lieu : EMG

TERRE / MER / SIGNAUX

Poursuite du projet EUCIDA, avec une nouvelle exposition qui a ouvert à Bourogne le 7 avril dernier sous le commissariat de Nora o Murchu, designeuse irlandaise.

Dans cette vidéo (une captation de novembre 2016), on découvre que Nora est véritablement une digital native, elle commente plusieurs images emblématiques de la culture et du folklore numérique : selfies, tweets, …

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Pour l’exposition TERRE / MER / SIGNAUX, elle a réuni 5 artistes de générations différentes qui chacun à leur manière, participe à la réflexion autour de l’infrastructure d’Internet en interrogeant divers paramètres (logistique, rapport au temps, rapports humains, environnement, …), supports de flux de données.

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Trois d’entre eux (sur cinq au total) étaient présents à Bourogne durant le montage d’exposition. Nous en avons profité pour les rencontrer et leur demander de nous dire quelques mots sur leur travail. Deux courts échanges en anglais avec Alan Butler et Santa France et un entretien-fleuve (27 minutes) avec Gregory Chatonsky, en français, structurent ce 40ème épisode de La Bibliothèque in situ.

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Alan Butler, artiste et enseignant

Passionné de jeux vidéo, ce dernier a décidé d’exploré Los santos, une ville fictive qui sert de cadre à Grand Theft Auto 5. Associant 10 000 clichés (copies d’écran du jeu) qui jonchent le sol, un téléviseur projetant les clichés et une projection des mots-clés générés par un algorithme, « We can look & understand it without knowing what ACTUALLY is », l’installation proposée, plonge le visiteur dans un dédale d’images où le regard porté sur des sans-abris saisis dans des décors dégradés du jeu exploré, donne une dimension sociologique (ethnologique ?) à l’œuvre.

Alan a bien voulu nous décrire sa pièce.  Écoutons-le :
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Profitant de son activité d’enseignant-théoricien, nous demandons à Alan, un conseil de lecture, il nous cite « Psychopolitique : Le Néolibéralisme et les nouvelles techniques de pouvoir », un ouvrage du penseur allemand d’origine coréenne Byung-Chul Han.

NB : Dans la nuée : réflexions sur le numérique [texte imprimé] / Han, Byung-Chul, Auteur; Dumont, Matthieu, Traducteur. – Arles : Actes Sud, 2015. – 1 vol. (101 p.); 22 cm. – (Questions de société) . ISBN 978-2-330-03913-4 : Un de ses autres ouvrages, disponible à la médiathèque de Delle : cote 302.2 HAN

Il choisit aussi, un cd dans la médiathèque : A Chance to Cut Is a Chance to Cure (2000) de MATMOS.

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« A Matter of respiration »

Seconde halte en compagnie de Santa France, une jeune artiste lettonne qui propose « A Matter of respiration », une installation composée de trois écrans plats à cristaux liquides diversement agencés : le premier accroché sur une cimaise de manière classique, le second posé au sol et le troisième penché, de biais sur une autre cimaise. Un triptyque qui constitue une forme de tableau vivant où le végétal relie  un ensemble parsemé d’objets hétéroclites (flacon, morceaux de charbons, citron coupé, clous de girofle, sachet de thé, tube, bougie, matière animée,…) Cette pièce dont l’accrochage chamboule l’habitude du visiteur, le pousse à observer méticuleusement ces étranges formes colorées dont certaines s’animent et semblent en effet respirer. Santa France commente ce dispositif :

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Comme Alan, elle nous recommande une lecture et un disque : Wasting Time on the Internet de Kenneth Goldsmith dont deux ouvrages viennent de paraître aux éditions Jean Boite.

Elle choisit un disque un peu par hasard, dans le fonds documentaire : il s’agit de Extreme Music From Russia de William Bennett : écoutez ici .

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Le méta-projet et l’imagination artificielle

 

Gregory Chatonsky a comme ses acolytes tenu à prendre un moment pour décrire sa pièce, méta-projet comprenant des pièces réalisées en 2014, 2017 et 2018. Une salle qui permet au visiteur d’appréhender la notion d’imagination artificielle, qu’il tente d’expliquer en l’opposant à celle d’intelligence artificielle, considérée comme pouvant potentiellement appauvrir la pensée. Visite et conversation à bâtons rompus avec un artiste dont le travail questionne les interactions entre esthétique et numérique depuis plusieurs années.
Balade dans Ossuaires, Neural network landscape et Extinct, une installation composée de trois modules qui communiquent via divers médiums (installation, vidéo, sculpture et écriture) :

Gregory a pris également un long moment pour se prêter à un jeu, consistant à réagir à certains documents prélevés dans la médiathèque de l’EMG, autant de références qui jalonnent son parcours de jeune étudiant à l’artiste chercheur qu’il est aujourd’hui. Il est en effet depuis 2017, chercheur associé à l’École Normale Supérieure et co-anime Postdigital, un séminaire, où de nombreux chercheurs se sont exprimés. Il cite également dans la seconde partie de cet entretien, des artistes : le duo Estrid Lutz & Emile Mold et Jonas Lund, dont les travaux traitent des représentations symbolique et fonctionnelle de la technique.

 

Écoutez : La bibliothèque idéale que découvre G. Chatonsky :

Partie 1 :

Partie 2 :

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Les deux autres artistes de l’exposition que nous n’avons pas rencontrés sont : John Gerrard (Flag Danube) et Nicolas Sassoon (RGB landscape).

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Bonus : Lors du vernissage, le duo THE FINE ART COLLECTION, invité au 19 dans une exposition visible du 03/02 au 15/04, a découvert un ouvrage de la réserve :

Bonan tagon! : Mia nomo estas Parzival [texte imprimé]. – Bienne [Suisse] : Haus am Gern, 2017. – 467 p.: ill. en coul.; 30 x 20 cm+ 1 cahier d’apprentissage de l’Esperanto de 148 p.. – 97863695241926764 .

S’intéressant à l’espéranto, ce monstre-livre sur PARZIVAL ne pouvait qu’attirer leur curiosité…

Textes et entretien : Fabien Vélasquez

Photographies : Samuel Carnovalli et Eduards Medvedevs.

Remerciements : aux artistes présents.