Date : 2 novembre 2016
Heure : entre 23 et 23h15
Lieu : cinéma Le Colisée, Montbéliard
Les conseils de Bertrand Tavernier
Presque jour pour jour, 21 ans après la fondation de l’association (1995) le cinéma et rien d’autre (1), le cinéma Le colisée de Montbéliard invitait Bertrand Tavernier pour une rencontre autour de son dernier film.
Véritable fresque, Voyage à travers le cinéma français est un film de 3 h 15 minutes qui balaie magistralement plusieurs périodes & figures : Jacques Beker, Jean Renoir, Jean Gabin, Edmond T. Gréville, Jean-Pierre Melville, Rome-Paris-Film, la musique et le son au cinéma (Maurice Jaubert)…
Après la projection, Bertrand Tavernier a répondu à de nombreuses questions parfois teintées de reproches (ou frustrations) (Vous n’avez pas traité de … Laroche, ….Clouzot, ….), méticuleux et sûr de sa démarche, il précise qu’il a imaginé et réalisé ce film tel un curieux éclectique papillonnant subjectivement dans une histoire du cinéma français après le Muet (2). Pour ce film, il lui a fallu revoir de nombreux films, échanger avec ses collaborateurs, négocier les droits et bâtir un récit fluide parsemé d’anecdotes savoureuses souvent drôles ou émouvantes.
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A l’issue du débat, La bibliothèque en vadrouille a tendu son micro pour recueillir une dédicace sonore. Bertrand Tavernier ne peut pas citer un seul film qui aurait été adapté de la littérature à l’écran, tout comme si on lui demandait de citer ses trois films préférés, il ne le ferait pas : « J’ai fait ce film pour ne pas répondre à cette question.» Grand lecteur (cf les chroniques sur son blog très fourni hébergé par la SACD), nous avions entendu récemment Tavernier citer à la radio, Travaux de Georges Navel, un livre dont il nous parle avec bonhomie. Découvert lors de la projection tardive du film documentaire «G. Navel ou la vie éveillée » (1991 – J-D Pillault), à l’écoute de la voix de cet homme, il a eu tout de suite très envie de le lire, s’est procuré le livre, puis a appréhendé avec avidité son œuvre. Michel Ragon dans son Histoire de la littérature prolétarienne en France (Albin Michel, 1974) cite Navel à 15 occasions et consacre deux pages à Travaux (p.245 et 246) : « l’un des plus beaux livres, l’un des plus émouvants, de la littérature ouvrière .» L’auteur de La mémoire des vaincus relève ce propos de Navel : «Il y a une tristesse ouvrière dont on ne guérit que par la participation politique. »
Nous demandons également à Bertrand Tavernier d’évoquer à nouveau Jean-Pierre Melville qualifié de « très bon liseur », sachant découper à merveille les ouvrages qu’il souhaitait adapter (quelques exemples : Léon Morin Prêtre, Le silence de la mer, L’armée des ombres). Enfin, Bertrand Tavernier nous confirme que la séquence avec T. Frémaux a été tournée dans la bibliothèque de l’Institut Lumière (Raymond Chirat) à Lyon, qui rouvrira bientôt.
Écoutez, l’une de ses réponses durant le débat, un moment où il revient sur sa passion pour Edmond T. Gréville :
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A noter que les deux prochains Flashback du 6 novembre (15h50 et 18h) ont été programmés par Bertrand Tavernier : « La fin du jour » et « Voici le temps des assassins » de Julien Duvivier.
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(1) Il est en quelque sorte le parrain de l’association puisque le nom fut choisi en hommage à La Vie et rien d’autre, sorti en 1989.
(2) Tavernier cite alors Kevin Brownlow (né en 1938) et autour notamment de La parade est passée (traduit en 2011)
Bibliographie : Disponibles dans les collections départementales et ailleurs
Lire le bel entretien de Bertrand Tavernier avec Alexandre Bollengier paru dans l’Est républicain, le 4 novembre 2016
29 documents dans les collections départementales dont : sa préface parue dans l’ouvrage dirigé par Marc Azéma : « Préhistoire du cinéma : Origines paléolithiques de la narration graphique et du cinématographe » (Actes Sud, 2015) Cote AIM AZE.
8 films disponibles dans la médiathèque numérique : http://www.mediatheque-numerique.com/
Un cd qui regroupe la musique originale de Bruno Coulais (cd 1) et un choix de musiques & chansons découvertes en préparant le film (cd 2).
10 références dans le fonds de la BM : http://www.bm.mairie-belfort.fr/
A noter, la parution d’un très élégant ouvrage de Maryline Desbioles en août 2015 : «Le beau temps » ou une évocation subtile de la trop courte vie de Maurice Jaubert (Disponible cote R DES B)
Textes, photographies et entretien : Fabien Vélasquez
Remerciements : Bertrand Tavernier, association Le cinéma et rien d’autre.