Le bar atteint invitait vendredi 21 octobre Noël Tamini. Un homme aux activités multiples : traducteur, coureur de fond, écrivain, fondateur de revue (Spiridon),… chercheur et curieux, comme la revue éponyme fondée en 1864, c’est un authentique « touche à tout » qui a bien voulu se prêter au jeu de l’entretien et a répondu à quelques questions de La Bibliothèque en vadrouille.
0
0
Noël partage sa vie entre la Suisse, la Roumanie et l’Éthiopie. Il continue activement à militer pour la course hors stade. Il est l’un des protagonistes du film de Pierre Morat, Free to run.
A l’occasion des Journées de l’Architecture organisées depuis le 30 septembre et jusqu’au 4 novembre, la Bibliothèque Humaniste en plein chantier proposait une visite des travaux entamés en 2014 suivie d’une conférence de l’architecte R. Ricciotti.
Très décontracté et parfois désinvolte, l’architecte de l’emblématique Mucem s’est exprimé une petite heure commentant « à la volée » plusieurs de ses réalisations qui défilaient dans un diaporama projeté en grand écran. Diaporama au cours duquel, nous avons découvert deux projets directement inspiré(s) ou réalisé(s) avec des artistes : La Maison de l’emploi de Saint-Etienne dont la façade est un hommage à Claude Viallat et l’Espace culturel et social Aimé Césaire de Gennevilliers dont les peintures intérieures ont été réalisées par Hervé di Rosa.
Comme vous l’entendrez dans le court entretien audio ci-dessous, ce long compagnonnage avec l’art contemporain semble s’être quelque peu érodé …
0
0
Le projet proposé pour la Bibliothèque Humaniste s’intègre dans un chantier plus global de piétonisation du secteur et s’inscrit pour la première fois dans un contexte patrimonial. En effet, l’architecte né en 1952 à Kouba (Algérie) a déjà conçu, dessiné et construit plusieurs médiathèques, à Caen-la-Mer ou Colomiers par exemple.
Légende : Christophe Amann (Thales Architecture) accompagné de Frédéric Fender et de Demathieu Bard, Conducteur Principal de travaux. C. Amann interviewé par TV2com.
En début d’après-midi, nous avions pu arpenter le chantier en compagnie de trois corporations (architecte, chef de chantier et maçon), une visite instructive qui a permis de découvrir les futures réserves de la bibliothèque enfouies en sous-sol dans un espace creusé sous la halle aux blés.
Légendes : l’intérieur de la hall aux blés en rénovation, Light art, installation éphémère et vue de l’extension en construction, les piliers.
Écoutez un moment de la visite « in situ » :
0
La Bibliothèque Humaniste a édité une élégante brochure trilingue de 42 pages intitulée « Vers la nouvelle Bibliothèque Humaniste » qui rappelle le processus entrepris depuis l’inscription au registre UNESCO de la mémoire de monde le 26 mai 2011.
Bibliographie
0
Retrouvez deux ouvrages (1) et (2) de Ricciotti dans le fonds documentaire de la médiathèque, ainsi que les deux articles parus dans POLY en 2013 : Black Beton et mistral rouge de Thomas Flagel (p. 20 21) in Poly 158 et en 2016 : A livre ouvert de Emmanuel Dosda (p. 80-81) in Poly 188.
On peut mentionner également l’article de Laurent Naas, directeur de la Bibliothèque Humaniste paru dans le Bulletin des bibliothèques de France, numéro 79, juin 2015 : « Vers la nouvelle bibliothèque humaniste« .
Pour approfondir et découvrir d’autres contenus, pour celles et ceux qui ont pu à certains égards, être « déstabilisés » par la conférence sélestadienne, nous vous proposons d’écouter plusieurs conférences en ligne :
Remerciements : Équipe de la Bibliothèque Humaniste, les trois guides sur le chantier, R. Ricciotti et Jean-Claude Le Louarn (lecteur de la médiathèque, pour les compléments d’informations en ligne ci-dessus).
A l’occasion des événements proposés dans la programmation de l’exposition OOL – Sound Fictions(visible jusqu’au 13 novembre 2016) à la Kunsthalle de Mulhouse, nous avons rencontré David Jisse à l’issue de sa lecture-performance en hommage à Luc Ferrari.
0
0
Nous lui avons demandé comment s’était forgé son compagnonnage avec Luc Ferrari, rencontré dans les années 70. Sa lecture est un hommage à cette longue amitié qu’il cultive par delà le décès du compositeur, en 2005.
Il commente le dispositif utilisé pour cette lecture et notamment les fragments choisis dans les écrits de Luc Ferrari, de petites fiches colorées où le texte imprimé est collé et annoté au crayon à papier, qui ont parfois l’allure des partitions. David Jisse a longtemps participé à Euphonia et Le Rythme et la Raison, deux programmes diffusés sur France Culture, il a ensuite tenu une chronique (electrain de nuit) sur France Musiques jusqu’en 2014. Il contribue aujourd’hui avec d’autres, à l’aventure de Futurs composés, réseau national de la création musicale.
Cette soirée présentée par Anne-Laure Chamboissier, co-commissaire de l’exposition s’est poursuivie par un entretien radiophonique sur le vif, réalisé par de jeunes journalistes de radio MNE et des questions de l’assistance. Nous avons pu lui demander dans le bruit de fond du rangement et démontage de la table installée pour sa lecture, quel était le morceau qu’il recommanderait pour découvrir Luc Ferrari. Il s’agit de Presque rien. Découvrez de la documentation sur cette pièce sur le site de l‘INA (1977).
L’exposition laisse bien entendu une large place au son, propose aussi un espace documentation conçu avec une partie du fonds documentaire de l’Espace multimédia gantner.
–Les grandes répétitions / Patris, Gérard, Monteur; Ferrari, Luc, Monteur. – K.Films, cop. 2000. – 2 DVD vidéo (4 h 16 min.): 16/9, coul. (PAL), son. (Dolby digital).
–Chronopolis / Kamler, Piotr, Monteur; Ferrari, Luc, Compositeur. – Les Productions du Cirque, 1988. – 1 DVD vidéo (52 min.): coul
Lettres
-Tacet, 4. Sonorités de l’utopie [texte imprimé] / Saladin, Matthieu , Directeur de publication, rédacteur en chef; Cardew, Cornelius; Ballard, James Graham; Bonnet, François-Jacques; Meursault, Pali; Flynt, Henry; Ferrari, Luc; Broccolichi, Pascal, Auteur. – Mulhouse : Editions météo, 2015. – 1 vol. (555 p.): ill., mus.; 23 cm. Notamment : Luc Ferrari, Correspondance avec Pierre Schaeffer (3 lettres)-
ISBN 978-2-84066-777-3
Et bien sûr, de nombreux CD.
« Quand on pose une note sur un bout de papier, on n’a aucune notion de la réalité. Il y a une telle distance entre le moment où on pose sa note et le moment où on l’entend six mois ou un an après qu’on perd la notion du concret. Et ce qu’il y a de formidable avec le concret, qui est le phénomène de la musique concrète, c’est que le moment où on pose sa note, on l’entend, et le moment où on pousse le bouton, ça sort des haut-parleurs, ça c’est fantastique. C’est une chose qui n’est jamais arrivée, jamais ! Jamais dans le domaine musical et dans le domaine de la création sonore, un phénomène pareil est arrivé avant nous. On était les premiers à faire ça. On pousse un bouton et le son arrive. Imagine Mozart ! » Luc Ferrari.
Texte, photographies et entretien : Fabien Vélasquez
Remerciements : L’équipe de la Kunsthalle et David Jisse.
Invité par IDEE à donner une conférence sur l’histoire du temps libre, Antoine Prost a bien voulu prendre quelques minutes après sa communication pour répondre à quelques questions de La Bibliothèque en vadrouille.
Installé près du portrait du général Lecourbe, celui qui en naquit en 1933 dans « le même pays » où étudia ce général, a débuté son exposé en citant F. Buisson : « ceux qui possèdent sans travailler et ceux qui travaillent sans posséder » et a immédiatement rappelé que l’histoire du temps libre et des loisirs était la conséquence de l’évolution de l’organisation sociale du temps. Adoptant un plan chronologique, il a dressé, statistiques à l’appui, les différentes étapes vers l’accélération de la prise en compte du temps libre dans la vie des individus entre 1900 et aujourd’hui (de belle époque à nos jours).
0
0
Nous avons souhaité débuter l’entretien en lui demandant d’évoquer la figure de Jean Zay puisqu’il a préfacé Souvenirs et solitudeparu aux éditions Belin en 2010, ouvrage qu’il a bien voulu dédicacer en inscrivant le texte suivant : « Aux lecteurs : ce livre admirable d’un ministre qui aurait pu être écrivain ». Pour lui, Zay était un ministre jeune et moderne qui a profondément marqué la France de 1936 en adoptant des réformes décisives. Nous lui demandons ensuite de revenir sur la date de 1962 et la parution d’un texte important dans le sujet traité : Vers une civilisation du loisir ?de Joffre Dumazedier. Un ouvrage repris en partie dans une version intitulée L’univers des loisirs en 1990 (ouvrage disponible à la médiathèque-site de Belfort : cote 790.1 U-USU.
Enfin Antoine Prost commente le mot travail et son glissement progressif vers son acception salariale qui lui ôte une part de sa valeur symbolique et noble (labeur). Il cite une étude de linguistique parue en 1985 qui accomplit un important travail d’analyse de motions issues de corpus syndicalistes et politiques. Enfin nous lui demandons de nous citer un pédagogue, que l’on pourrait relire sans hésiter : c’est Jules Ferry et les discours de députés et sénateurs de 1880.
L’assistance a pu profiter d’une riche table de livres proposée par La marmite à mots avec plusieurs ouvrages de Mr Prost. Si Mr Prost est surtout connu pour ses travaux sur l’histoire de l’éducation, ceux-ci n’ont pas toujours été bien reçus par le corps enseignant (lire à cet égard ce billet de Médiapart paru en mai 2016) confronté à une réalité bien éloignée de la théorie et la pensée sur ce domaine, parfois trop abstraite. Le débat a le mérite d’exister et illustre le fait que réfléchir et transformer une institution n’est pas chose aisée . Quoi qu’il en soit, on ne peut que saluer l’érudition et la curiosité toujours à l’œuvre exercée par un intellectuel pour qui l’éducation et l‘histoire sociale sont des matières vivantes. Antoine Prost a ce soir su partager son enthousiasme et sa passion méticuleuse. Sa conclusion pointait le constat suivant : le loisir est de plus en plus éclaté et de moins en moins collectif, on observe des phénomènes de désynchronisation à l’intérieur des ménages.
0
Bibliographie : ouvrages d’Antoine Prost
4 documents disponibles à la médiathèque départementale
16 documents disponibles à la BM
Texte, photographies et entretien : Fabien Vélasquez
Remerciements : Antoine Prost et IDEE.
La 4ème édition de Tirage limité, Rencontres romandes du livre d’artiste se tenait au Palais de Rumine. Avec le Québec invité d’honneur, la journée était placée sous la bannière éclatante de « Vive le Québec Livre ! » Les artistes invités de Suisse romande et France voisine, ont eux aussi apporté leur idées foisonnantes et un savoir faire minutieux, parfois très innovant.
Une déambulation haute en couleur, curieuse et riche en découvertes. Quatre stations que voici :
Légende : Un stand dans le Palais de Rumine et la table ronde Territoire du livre, du 30/09 présentée par Silvio Corsini
0
0
Silvio Corsini, conservateur des livres précieux de la Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne et président de l’association Tirage limité nous a accordés quelques minutes au cours desquelles, il a tracé un rapide historique de cette manifestation triennale. Pour lui, il n’est pas concevable de mettre des livres en vitrine, préférant la forme ouverte et dynamique de l’événement, il qualifie Tirage limité de « one shot » effervescent, où les livres sont accessibles et manipulables par le public durant une journée gratuite. Pour lui, le livre d’artiste, de peintre ou plus contemporain échappe totalement du marché de l’art, il est souvent réalisé entre amis et conserve ainsi une fraicheur et une vitalité, que l’on perçoit aisément en déambulant dans les divers stands installés dans les couloirs du Palais de Rumine.
Silvio Corsini poursuit la discussion, en évoquant un métier important dans la découverte et la diffusion des livres d’artistes auprès des institutions : celui de colporteur, en citant l’exemple de Robert Subtil, installé aujourd’hui dans le Trièves.
L’entretien se termine par l’évocation d’un livre dont la BCUL conserve un exemplaire unique : le dernier ouvrage d’Aimé Maeght réalisé au début des années 80 avec le peintre hongrois François Fiedler, il s’agit de L’Évangile selon saint Matthieu. L’impression de l’ouvrage n’ayant pu aboutir en raison du décès d’Aimé Maeght en 1981. Lire à ce sujet l’article que Silvio Corsini a rédigé en 1996 dans le tome 39 de la Revue de la Société Suisse des Bibliophiles, accessible en ligne ou en pdf.
Nous rencontrons ensuite Alain Wenker, un passionné, membre de l’association Encre & plomb, basée à Chavannes-près-Renens, venu avec d’autres bénévoles, réaliser des démonstrations de composition manuelle sur la célèbre presse Johannisberg du XIX° siècle.
Alain revient sur la naissance de cette association dans les années 80 et évoque sa formation à la fin des années 60, à Paris, à l’École Estienne. Durant ses études, il a eu l’occasion de voir le Psautier dit de Saint Louis. Il évolua ensuite en tant que directeur technique adjoint des Imprimeries Réunies de Lausannequi ont fonctionné sous cette dénomination de 1982 à 2015. Durant ses années dans cette entreprise, il a eu la chance de participer à l’aventure Skira, le premier éditeur à avoir introduit la couleur dans les reproductions de livres d’art : riche période d’innovation et d’expérimentation dans l’édition dont il se souvient avec bonhomie.
Nous rencontrons ensuite Simon Bossé, le fondateur des éditions Mille putois au Québec. Simon nous dit quelques mots sur le projet DISTROBOTO, « un réseau de machines distributrices de cigarettes qui vendent maintenant de l’art (plutôt que des cigarettes). On y retrouve de petits livres, des bandes dessinées, des mini-CD-Rs (musique ou film), des objets d’art et beaucoup d’autres surprises. Le projet est à but non lucratif. Chaque œuvre est vendue 2,00$ et tous les profits sont remis à l’artiste (1,75$ pour chaque vente). » Une de ces machines est installée en France, à la fanzinothèque de Poitiers. Simon a apporté avec lui plusieurs exemplaires de l’Atlas sérigraphique montréalais, une publication monumentale regroupant le travail de 19 affichistes canadiens, tous et toutes réunis dans cet ouvrage relié où les affiches sérigraphies aux couleurs psychédéliques semblent sortir de la page, tellement leur éclat est vif et lumineux !
Lors d’un précédent passage en Suisse, en 1993, Simon décida de rendre visite à Christian Humbert-Droz, le fondateur des Editions Drozophile … une rencontre fondamentale pour le jeune apprenti sérigraphe.
Nous rencontrons ensuite Danièle Blouin, artiste, historienne de l’art passionnée par l’édition. En 2001, elle a publié aux éditions Fides, une étude de référence : « Le livre délinquant : Les livres d’artistes comme expériences limites». Danielle cite deux ouvrages qu’elle considère comme clé dans l’histoire de l’édition au Canada : 1931, avec le Metropolitan Museum: un poème de Robert Choquette illustré par Edwin H. Holgate et 1953, avec Images apprivoisées de Roland Giguère publié aux fameuses éditions ERTA. Danielle a tenu à inviter des artistes emblématiques de la vitalité de la scène québécoise : d’où la présence d’artistes comme Pascaline Knight, Isabelle Ayotte, Guylaine Couture, Jacques Fournier ou Simon Bossé. Nous profitons de ce temps d’échange très fluide avec Danielle pour lui demander le nom d’un-e artiste québecoise explorant le champ du numérique : elle cite spontanément Judith Poirier (Découvrez par exemple, le projet La chose impriméeinitié en 2010) – dont les questionnements ne sont pas éloignés de ceux traités dans une récente exposition présentée au Mudac de Lausanne (de mars à août 2016) : Qu’en lira-t-on ?.
Notre déambulation nous a conduit à nous arrêter sur quelques stands, comme celui des éditions A l’Envers, très fières d’avoir remporté le prix de la fondation Engelberts avec l’ouvrage très simple d’Olivier Lovey, Puissance Foudre. Juste avant de remettre le prix (le 30 octobre, lors de la pré-ouverture de la manifestation) aux éditeurs, l’auteur étant absent, Monsieur Engelberts a tenu à dédier cette cérémonie à son père qui fort de son amitié avec Georges Braque depuis 1957 put contribuer à la réalisation du célèbre Lettera amorosa, que le peintre réalisa en 1963 avec René Char.
Un second prix, remis par la BCUL a été attribué à Monica Lombardi, qui avait déjà obtenu cette distinction lors de la seconde édition de Tirage Limité en 2010. Son travail tout comme celui de dix autres artistes, a pu être présenté dans l’espace baptisé UNICA ! mis en scène et commissarié par Zivo.
Nous avons pu échanger un moment avec Izet Sheshivari, fondateur des éditions Boabooks, basées à Genève, dont le catalogue exigeant fait la part belle aux artistes conceptuels : Carrión, Hiller, Mosset ou Watier.
Parmi, les invités étaient présentes les éditions jurassiennes Du Goudron et des plumesauxquelles la bibliothèque en vadrouille avait déjà consacré un billet à l’occasion de leur exposition à l’artothèque de Montbéliard en septembre 2015 : le réécouter ici.
Légende : Rues de Lausanne, une boite électrique aux couleurs de Dubuffet indiquant le chemin de la Collection de l’Art Brut et une boite à livres près d’une cabine téléphonique
A noter également, à signaler, à flécher : trois autres billets sur des sujets liés à l’édition à tirage limité et à l’édition de livres d’artistes :
Une étagère thématique en ligne (étagère virtuelle) recense les livres d’artistes et livres objet de l’Espace multimédia gantner, à consulter sur le catalogue en ligne de la médiathèque.
0 Texte, photographie et entretien : Fabien Vélasquez Relecture : Josiane Bataillard
Remerciements à toutes les personnes rencontrées et à tous les artistes présents, amis ou inconnus avant cette journée.
Date : 18 septembre 2016 Lieu : Belfort, Place d’Armes, dans un café Heure : entre 19 :00 et 19 :30
Entretien avec Gilles Lepore et Stéphane Montavon
0
Reprise de la bibliothèque en vadrouille avec un entretien réalisé avec Gilles Lepore et Stéphane Montavon, deux des initiateurs du projet L’Appeau, une histoire du bruit – ambitieuse création transmédia comportant 4 volets, d’abord sonores uniquement et même quadriphoniques, puis dans un deuxième temps audio-visuels.
Nous les avons rencontrés à la fin des deux jours de monstration du volet # 3 Trahir la place, présenté à l’occasion des Journées du Patrimoine à la Tour des Bourgeois dans la Citadelle Vauban de Belfort. L’occasion de revenir en 20 minutes sur les coulisses de ce projet.
La forme ovoïdale de la Tour des bourgeois se prêtait bien à cette installation qui tente de faire ressentir à l’auditeur une forme d’écoute panique. Conçu comme un véritable opéra (d’où la présence d’un libretto de 25 pages où sont traduites les paroles entendues), Trahir la place plonge l’auditeur dans un magma vocal, à l’image de l’effervescente nuit du 9 mars 2011 durant laquelle la Place Tahrir fut le théâtre d’une agitation paroxystique, annonçant la combustion de Révolution égyptienne en cours depuis le 25 janvier. Avec Gilles et Stéphane, La bibliothèque en vadrouille a souhaité comprendre pourquoi et comment ils en sont venus à mêler le saxophone d’Antoine Chessex à des paysages sonores cairotes où foisonnent les voix humaines, celles notamment de citoyen(ne)s et d’activistes issus d’ONG témoignant en direct de leur combat, de leur défaite ce soir-là, et de leurs espoirs.
« Alors dites, cette soudaine stridence, là… D’où qu’ça vient ? – Bruit ou voix… ? »
C’est l’histoire de l’invention de l’écoute, pas de celle de la musique, que nous racontait jadis drolatiquement Sophocle dans son drame satyrique Les Limiers.
Et c’est à ré-énacter ce drame, renommé L’Appeau, dans notre bel aujourd’hui, et à une réflexion autour de cet objet insaisissable qu’est la voix, et de son Autre, le bruit, que se dédient Montavon/Chessex/MML, en 2 moments :
– Le trio propose une série de 4 pièces sonores docu-fictionnelles en son multi-canal, composées de voix invitées et d’enregistrements de terrain, diffusées dans l’espace public ou en black-box
– Il ajoute ensuite des bandes-image à ses bandes-son et réalise 4 essais audio-visuels quadriphoniques
0
# 1 LES ÉPNEUMÉS, 40′ : sur la possession par l’esprit
première black-box : Festival Screamscape, Fri-Art/Kunsthalle, Fribourg, 5.6.2015
# 2 NOUS SOMMES GRATUITS, 30′ : sur l’exil
avec la voix d’Augustin Rebetez (JU) et une tape de Dimensione (BS)
première in situ : Les Digitales, Porrentruy, 22.08.2015
# 3 TRAHIR LA PLACE, 46′ : sur la révolution
première in situ : SAS, Jardin du Château, Delémont, 17.10.2015
version installative : Citadelle, Journées du patrimoine, Belfort F, Territoire de Belfort, 17-18.9.2016
# 4 L’INVISIBLE, 40′ : sur la voix
avec Aleksander Gabrys (contrebasse, BS), Artur et Sebastian Smolyn (trombone, BS), Pyt (voix, BE), Emmanuel Lascoux (voix, F)
première black box : Flatterschafft, Bâle, 19.11.2016
0
Prochains événements :
La quatrième pièce sonore sera vernie à la Flatterschafft à Bâle, le 19.11.2016.
A chacune de ces pièces sonores correspond un film : la première des films # 2 NOUS SOMMES GRATUITS et # 3 TRAHIR LA PLACE aura lieu à la Galerie du Sauvage à Porrentruy le 17.12.2016.
La bibliothèque en vadrouille a fait un très rapide passage à Lussas pour assister à une séance du cycle Fragment d’une œuvre consacré à Babette Mangolte. Initiée par Federico Rossin, cette séance inaugurale (sur 3 au total) était construite autour de 3 films : What Maisie Knew (60′), (NOW) or Maintenant entre parenthèses (10′) et The Cold Eye (My Darling, Be Careful) (90′).
Federico a qualifié l’œuvre de Babette de « complexe, nuancée et libre ». Babette Mangolte est connue pour ses films sur la danse (sa complicité avec Yvonne Rainer ou Trisha Brown) et bien entendu pour son travail avec Chantal Akerman.
Nous avons pu recueillir une courte réaction de Babette à proximité de la librairie du festival, tenue par le libraire marseillais ho (Histoire de l’œil), qui commente ses achats. Nous en avons profité pour lui demander également de décrire l’agencement de la bibliothèque d’Alan qui fait l’objet de plusieurs gros plans dans Le regard froid / The cold eye(1980). Elle nous confie que cette bibliothèque fut en partie celle d’une amie qui travaillait pour le studio Cunningham, cette dernière lui avait mis à disposition son appartement de New York durant un séjour en Floride, Babette a simplement changé l’ordre de certains livres et a tourné les séquences nécessaires à son film après avoir fait répéter les acteurs.
Un film “narratif” centré sur de jeunes artistes vivant à New York vers 1979. Le film parle d’un certain stade dans l’évolution d’une jeune artiste, qui aborde le monde réel selon sa propre notion idéaliste de ce que l’art est censé accomplir. (B.M., 1980) Un témoignage précieux sur une époque qui n’est absolument pas daté, qui devrait être montré dans toutes les écoles d’art aujourd’hui.
Légende : La librairie ho installée au cœur du village de Lussas.
Coup de projecteur sur l’ouvrage Malcom Le Grice : Le temps des images(2015) coédité par les presses du réel et l’Espace multimédia gantner, présent dans la sélection du libraire dans la section « Cinéma exposé« .
Le dernier numéro de la revue Documentaire (n°26/27) dans lequel un texte lui est consacré.
Babette a été éduquée dans la littérature française et anglo-saxonne. En 1975, elle entreprend un long périple en bus, elle glisse dans ses bagages deux livres : « Orgueil et Préjugés » (1813) de Jane Austen et un livre d’Henry James.
Pour Babette Mangolte, « l’énergie et l’effet de groupe caractérisaient les années 70/80 ». Lors du débat qui a suivi la projection de chacun des films, une festivalière lui demande de préciser son rapport au travail d’Yvonne Rainer. Babette indique qu’à l’époque, elle avait pu bénéficier d’une caméra prêtée par Rauschenberg à Yvonne Rainer, réduisant ainsi ses frais à l’achat des films et au leur développement.
Écoutez sa réponse :
0
Quelques fragments de dialogues du film The cold eye relevés pendant la projection :
« L’insatisfaction si tard dans la vie fait peur »
« La vision périphérique est (…) nécessaire / ça finit où la façade dans une personne ? »
Un fragment sonore du film via l’interprétariat réalisé durant la séance :
0
0
0Bibliographie (Disponible à la médiathèque)
0
Ce billet nous a donné l’occasion de faire une « recherche associée » comme la nomme un moteur de recherche bien connu, recherche automatisée couplée à l’usage de la mémoire (cerveau), recherche qui a conduit à extraire des collections, trois documents :
Une femme qui… : écrits, entretiens, essais critiques [texte imprimé] / Rainer, Yvonne, Auteur; Quéloz, Catherine, Editeur scientifique. – Dijon : Les presses du réel ; Zurich : JRP/Ringier, cop. 2008. – 1 vol. (275 p.); 21 cm. – (Positions; 6).
Bibliogr. p. 255-267 . – ISBN 978-2-84066-262-4.
Alternative Histories : New York art spaces : 1960 to 2010 [texte imprimé] / Ingberman, Jeanette, Artiste; Cannon, Steve, Artiste; Chatham, Rhys, Artiste. – Exit Art ; MIT Press, [s.d.]. – 404 p.: ill. en coul.; 25 cm.Edited by Lauren Rosati and Mary Anne Staniszewki . – ISBN 978-0-262-01796-1
Trisha Brown : Early works 1966-1979 [DVD]. – artpix, 2004. – 2 DVD vidéo
Babette Mangolte a réalisé plusieurs films dans ce dvd qui constitue à ce jour sa seule édition.
0
A noter : une thèse en préparation depuis 2013, intitulée « Chantal Akerman, Babette Mangolte el Jackie Raynal à New York » est entreprise par Barbara Matas Moris, chercheuse à l’École doctorale Arts & médias de l’Université Paris 3.
Texte, photographies et entretien : Fabien Vélasquez Remerciements : Ardèche Images, La Maison du Doc, Marion (presse), Babette Mangolte.
Nous avons pu assister à la soirée organisée à la Bibliothèque cantonale, où plusieurs séquences se sont succédé : discours officiels, lectures & électronique, conférence de Jochen Hesse et lecture musicale acoustique (guitare). Nous avons pu lors du verre de l’amitié proposé aux Halles, échanger quelques mots avec Alexandre Voisard (8 documents dans les collections départementales) qui réagit à la lecture de deux inédits d’Oscar Wiggi : deux textes (La locomotive et les rêves), fragments qu’il a lus avec beaucoup de simplicité et de bonhommie.
0
Légende : Josiane Bataillard et Alexandre Voisard
Plus tôt dans la soirée, nous avions pu assister à une lecture de Seladom et Pierre-Yves Dubois illustrée par un montage sonore issu du corpus musical de Wiggli, réalisé par Robert Torche, un jeune performer et musicien électronique qui œuvre pour la transdisciplinarité : un exemple ici.
0
La bibliothèque cantonale avait préparé une vitrine thématique avec les ouvrages de et sur Wiggli. Un diaporama d’ Olivier Noaillon (photos de l’atelier de Muriaux) était proposé en 3 D avec lunettes appropriées.
La bibliothèque cantonale offrait le très beau catalogue édité en 2007, à l’occasion de l’exposition de Berne ainsi que le fascicule (23 pages) réalisé en 2010 à l’occasion de la remise du Prix des Arts, des Lettres et des Sciences de la République et Canton du Jura à l’artiste.
0
La médiathèque de l’Espace multimédia gantner possède également le dvd du film de Claude Stadelmann : « Oscar Wiggli, sculpteur et compositeur », découvert à l’occasion d’une projection dans le cadre du Mois du Documentaire, en 2013.
Texte, entretien et photographies : Fabien Vélasquez Remerciements : Bibliothèque Cantonale du Jura : Géraldine Rérat, bibliothécaire et son équipe, Alexandre Voisard et Janine Wiggli, muse éternelle d’Oscar, vigie de l’œuvre et continuatrice de la fondation.
La médiathèque de Delle organise depuis le début de semaine plusieurs ateliers avec l’illustratrice Xavière Broncard, lauréate du Prix Chronos 2016 dans la catégorie Maternelle/CP pour Raconte encore grand-mère! , l’ouvrage qu’elle a signé avec Marido Viale. Depuis fin 2015, la médiathèque de Delle a mis en œuvre plusieurs temps forts pour valoriser les ouvrages concourant dans les diverses catégories. Dernière ligne droite… pour célébrer les résultats du Prix Chronos au niveau local, une journée festive et participative est organisée le 25 juin de midi à 18 :30. La bibliothèque en vadrouille a profité de la présence de Xavière pour lui poser quelques questions.
Nous sommes curieux de savoir comment Xavière a participé à l’ouvrage Les cris des animaux en cinq langues, publié en 2015 aux éditions Circonflexe.
Nous demandons aussi à Xavière si les abécédaires sont une forme d’ouvrages qu’elle affectionne. Depuis qu’elle a réalisé ABêêCdaire : Idiotismes animaliers et autres Bêêtises, elle est particulièrement sensible à cette forme : l’éditeur (Belize) a d’ailleurs publié 4 autres abécédaires « rigolo ».
Xavière évoque ensuite Martine Bourre (69 références dans les collections départementales), une illustratrice qu’elle a eu la chance de rencontrer et qui lui a profondément donné envie de se « lancer » dans une nouvelle voie professionnelle.
Pour cette ancienne diplômée des arts et techniques du bois et de l’ameublement, cette « connexion » avec la nature reste déterminante à son équilibre de vie : elle réside dans les Deux-Sèvres dans un cadre propice à la création.
Pour clore l’entretien, Xavière nous glisse à l’oreille sa lecture du moment : il s’agit de « 7 » de Tristan Garcia (3 références dans les collections départementales), un livre qu’elle n’a pas encore terminé : « j’en suis au livre 4 » (…) mais qui l’enchante.
A venir photographies de la journée du 25/06.
Remerciements : Xavière Broncard et les collègues de la médiathèque de Delle.
Nous avons pu déambuler dans l’exposition « Yona Friedman Architecture mobile = Architecture vivante » en compagnie de Michel Giroud. Parcours synthétique dans l’exposition en compagnie de l’éditeur, directeur de la collection l’écart absoluaux presses du réel qui commente à la volée ce que dévoile la scénographie très vivante conçue par Myriam Feuchot.
Extrait du communiqué de presse de l’exposition : « Yona Friedman, né 1923 à Budapest, a étudié l’architecture en Hongrie et en Israël, où il a commencé sa carrière, jusqu’à son installation à Paris en 1957. Sa vision de l’architecture, de l’urbanisme, de l’art et de la société est totalement visionnaire et anticipe la plupart des mutations que le monde traverse actuellement. Entre utopie créative et réalité concrète, il prône en priorité l’autonomie, l’épanouissement de l’individu et la qualité des relations sociales. Ces valeurs humanistes se traduisent dans le champ de l’architecture par l’auto-planification, la mobilité, l’économie du projet et la réversibilité. »
Marchant sur le tapis de signes extralinguistiques, compréhensibles par tous, Michel Giroud, commente quelques uns des concepts clés de Friedman : l’intuition, l’imagination, la ville irrégulière,…
L’exposition est aussi l’occasion de découvrir les écrits de Friedman dont certains sont des tapuscrits : une littérature qui fourmille et qui au fil des années, s’est faite l’écho d’une pensée vivifiante, nécessaire, à interroger sans cesse. Les cartels et panneaux listent aussi quelques amitiés de l’architecte : les « utopiens » comme lui : Ragon, Prouvé, Rottier, Le Corbusier,…
A la question de savoir comment qualifier l’activité de Friedman, celui-ci dit dans l’entretien vidéo visible dans l’exposition, avoir passé toute sa vie à ne pas devenir un spécialiste (même si toutes les études entreprises l’encourageaient en ce sens), préférant être « un individu transmédia », selon Michel Giroud « qui navigue dans au moins trente champs d’activités différents, pratiquant le zigzag (souplesse, flexibilité, ouverture au hasard,…). »
Commentaire d’un dessin : 15 Utopies, (2000) – intégré dans la section la ville relationnelle et l’influence de l’ouvrage Homo Ludens de Johan Huizinga.
Bibliographie : dedans/dehors : disponible à la médiathèque et en ligne*
Publication : Livret de l’exposition
Yona Friedman. Architecture mobile = Architecture vivante, Cité de l’architecture & du patrimoine, 2016, 25 p. environ, gratuit
Friedman, Yona. L’architecture de survie : une philosophie de la pauvreté. Paris : Éditions de l’Éclat, DL 2016. 1 vol. (212 p.) (L’éclat-poche ; 14)
Wilson, Ariane. Théâtres en utopie. [S.l.] : Stratosphère, cop. 2014. 1 DVD vidéo (2h 36 min.)
Friedman, Yona. Utopies réalisables. [Nouv. éd., rev. et augm.]. Les Coiffards : Ed. de l’Eclat, 2000. 250 p.
art et l’ordinateur (L’). Paris : IBM, 1975. 36 p. (IBM Informatique ; 13)
BT *: avril 1990 n° 226 : Yona Friedman : comment habiter la terre ?
La librairie Le Moniteur sise dans la cité de l’architecture a préparé une vitrine et une table de livres dédiés à Friedman, nous y avons découvert un ouvrage publié en 2007 à l’occasion d’une exposition à Bordeaux et à la galerie K. Mennour : « Camille Henrot-Yona Friedman, réception-transmission« .