La bibliothèque en vadrouille a tenu à faire un bref saut dans l’édition pilote du Festival des Non Aligné-e-s (FNA) qui se tenait les 25 et 26 novembre dernier.
Un son d’ambiance et deux entretiens captés à l’heure du déjeuner dans un espace calme, où travaux et productions étaient exposés (cf. plan reproduit).
Sous-titré Cellule(s) dormante(s), ce festival lève un coin du voile sur une partie immergée ou sous-exposée des pratiques symboliques contemporaines, pour autant qu’en effet, « seul peut se dire contemporain celui qui ne se laisse pas aveugler par les lumières du siècle et parvient à saisir en elles la part de l’ombre, leur sombre intimité et reçoit en plein visage le faisceau de ténèbres qui provient de son temps ». Ergo, poursuit Giorgio Agamben, la « voie d’accès au présent a nécessairement la forme d’une archéologie » qui, détourne intempestivement « la lumière, hors de sa fonction d’illumination du présent, vers l’assignation de l’infini, de l’invisible, de l’inatteignable », comme Jean-Luc Marion en convient lui aussi.
Date : 26/11/217 Lieu : Palais de Tokyo, Paris Heures : de 14h30 à 19h
La bibliothèque en vadrouille a pu assister à l’après-midi de clôture du Forum DCA dédié aux 25 ans des Centres d’art au Palais de Tokyo.
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En attendant la réécoute audio des diverses interventions proposées depuis le vendredi sur le site de DCA, voici quelques instantanés photographiques de lecteurs qui ont pu feuilleter les nombreuses publications exposées à plat, dans une vaste bibliothèque éphémère composée d’éditions reçues des centres d’arts membres de l’association.
On regretta cependant qu’aucune liste récapitulative n’ait été établie. Cette collection saisie le 26 novembre entre 14h30 et 19h nous a immédiatement évoqué le très bel ouvrage paru en 2011 aux éditions Lieux Dits, intitulé : « Le livre des lecteurs » de Georges S. Zimbel.
Légende : Esther Ferrer feuilletant quelques ouvrages…
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A noter que l’après-midi, se sont tenues deux communications particulièrement intéressantes : une discussion entre Pierre Joseph et Nicolas Bourriaud et une conférence d’Yves Citton : « Arts de l’attention*, arts de la surprise ».
Date : 15 octobre 2017 Lieu : Altkirch, CRAC Alsace Heure : entre 11:00 et 14:00
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On Glaciers and Avalanches
La bibliothèque en vadrouille a souhaité rencontrer plusieurs personnes présentes au vernissage de l’exposition pour sonder le terrain exploré par Irene Kopelman dans ses œuvres qui mêlent plusieurs matériaux : dessins, sculpture, livres anciens, cartes, …
L’articulation art/artisanat/science/nature n’a peut-être jamais aussi visible que dans cette exposition dans la mesure où On Glaciers and Avalanches « réunit des travaux issus d’expéditions menées sur les glaciers entre 2012 et 2014, ainsi que des dessins réalisés, avec la collaboration de l’Institut Kunst de Bâle. Plusieurs séries de dessins, d’aquarelles et de peintures se déploient sur les murs du CRAC Alsace, complétées par une nouvelle série de sculptures en porcelaine disposées au sol à divers endroits du centre d’art, ainsi que différents objets et documents provenant directement des expéditions scientifiques. » Il nous a donc paru logique au cours de cette déambulation de rencontrer tour à tour, Juan Canela (Curator, Barcelone), Irene Kopelman (artiste invitée), Samuel Nussbaumer (World Glacier Monitoring Service, Zurich) et par téléphone (le 18/11), Pieter Kemink (Le Maupas Bourgogne/Amsterdam, céramiste et ancien professeur à la Rijksakademie d’Amsterdam).
Légende : Mot de bienvenue durant le vernissage et le portrait d’Irene sur le livre d’or
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Entretiens en quatre étapes :
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# 1 . Juan, le commissaire (Entretien en espagnol) et le Bar Projet
Avec Juan Canela, nous discutons en espagnol sur ses activités de commissaire d’exposition et découvrons la plate-forme BAR PROJECT, fondée en 2013 avec deux autres curatrices Andrea Rodriguez Novoa et Veronica Valentini. Il nous donne quelques compléments au texte qu’il a signé dans l’édition du CRAC : « Marcher avec des images ».
# 2 . Irene, l’artiste, la retentissante sirène avertissant les visiteurs bâlois et son goût pour l’édition d’artiste (Entretien en espagnol)
Légendes : de gauche à droite : a. Gorner Glacier from On Top, 2014 / crayon sur papier / 456,5 x 115 cm l’ensemble / 28 dessins – b. View from Grosser Aletschgletscher, 2013 / crayon de couleur sur papier / 74,5 x 98,5 cm encadrés / 4 dessins Gorner Glacier from On Top, Figure 18, 2017 / porcelaine / 208 x 9 x 1 cm / Production CRAC Alsace. / Gorner Glacier from On Top, Figure 20, 2017 / porcelaine / 74 x 56 x 1 cm / Production CRAC Alsace. c. Tree Lines, 2015 / acrylique sur toile / 190 x 250 cm chaque / 4 peintures.
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Nous rencontrons ensuite Irene, l’entretien à peine entamé que retentit un puissant message sonore d’alerte et de rappel pour les visiteurs venus de Bâle, les invitant à rejoindre leur bus… une involontaire irruption qui fait sourire Irene… et nous précise qu’elle aime travailler dehors dans des conditions qui influent sur le dessin. En 2005, elle débute Notes On Representations, une série de publications qui compte aujourd’hui 8 volumes.
# 3 . Samuel, la nature, le glaciologue et la bibliothèque…
Irene Kopelman View from Grosser Alteschgletscher in Four Parts, 2017 Craie, mur peint 685 x 316 cm Production CRAC Alsace. Courtesy de l’artiste.
Henri Hogard Recherches sur les glaciers et sur les formations erratiques des Alpes de la Suisse, 1858 éd. Gley, Épinal Collection Bibliothèque des Dominicains, Colmar.
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Il s’intéresse à l’observation des fluctuations des glaciers du passé. Avec Samuel, nous commentons certains documents prêtés par l’institut de glaciologie dans lequel il travaille à Zurich, comme une magnifique carte de Viollet-Le-Duc, dont on a un peu oublié sa relation à la montagne – Ou encore l’ouvrage-somme (182 p.) paru en 2012, dont il a assuré la coordination : Mer de Glace : art & science, avec une préface d’Emmanuel Le Roy Ladurie.
# 4 . Pieter, céramiste et co-fondateur du Maupas A.R (en Bourogne)
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Ultime entretien par téléphone avec Pieter Kemink que nous avions « manqué » durant le vernissage. Pieter a pris un moment pour répondre à nos questions, c’est donc via un cordial entretien téléphonique que nous l’avons joint – Bourogne->Amsterdam, il nous a présenté ce lieu installé dans un hameau, en Bourgogne, tout près du Morvan, à 15 kilomètres Saulieu, un espace de résidence pour les céramistes et designers dans lequel Irene a travaillé.
La bibliothèque en vadrouille a profité de la venue d’Anne-Cécile Genre, accompagnatrice du film THE WOLF PACK au Mois du Documentaire pour s’entretenir avec elle 20 minutes durant.
Une conversation fluide et chaleureuse qui aura permis d’aborder plusieurs sujets.
D’abord le film de Crystal Moselle présenté à Essert et Delémont.
Nous avons souhaité lui faire découvrir, la figure de Guy Brunet dont l’itinéraire d’autodidacte passionné de cinéma n’est pas sans rappeler les frères Angulo. Anne-Cécile réagit en lisant un prospectus de l’association des amis de G. Brunet. Nous avons aussi voulu évoquer avec elle, une émission emblématique de la contre-culture diffusée depuis 20 ans sur Arte : Tracks, un programme auquel elle participe en tant que correspondante new-yorkaise. Cette émission qui poursuit son rôle défricheur a marqué les esprits. Anne-Cécile a été particulièrement marquée par le sujet qu’elle a réalisé sur le Dudeisme, par exemple. Et elle fait régulièrement de nouvelles découvertes en regardant l’émission, comme récemment le longboard dancing ou le groupe d’hommes-taupes Maulwurfe. «
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Anne-Cécile a pu nous dire quelques mots de Hackers Makers, un film qu’elle a réalisé.
La conversation s’est poursuivie et terminée par l’habituel recueil du conseil de lecture de la personne rencontrée : Anne-Cécile nous recommande un ouvrage qu’elle emporte chaque été avec elle, un livre-somme (1488 pages) qu’elle lit progressivement… un texte paru en 1996, qui affirma vite sa dimension prophétique : L’Infinie comédie de David Foster Wallace.
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Texte, entretien et photographie : Fabien Vélasquez
Remerciements : Anne-Cécile Genre, Médiathèque d’Essert (Nathalie et ses bénévoles), Gilles Barthélemy.
A l’occasion de la séance inaugurale du Mois du Film documentaire dont la 18ème édition traite, dans le Territoire de Belfort de la jeunesse, nous avons souhaité converser avec la jeune réalisatrice française. Entretien de 13 minutes en tête-à-tête, bribes sonores glanées durant la projection du film et quelques échantillons de la discussion avec la salle.
Son film Vox usini, s’attache à tracer le portrait d’un lieu emblématique de la culture alternative genevoise : L’usine. Ouvert à la fin des années 1980, dans une effervescence politique et artistique intense, cet espace a beaucoup évolué en trente ans, la réalisatrice part à la recherche de l’âme de ce lieu en interrogeant les acteurs (fondateurs et actuels) qui l’animent. Nous avons voulu lui demander en quoi ce lieu était un symbole d’autogestion. Est-elle garantie dans un contexte d’institutionnalisation de plus en plus prégnante ?
Son film adopte une démarche qui fait la part belle aux entretiens, on pense alors à Frederick Wisman et ses films auscultant des institutions (l’opéra de Paris, At Berkeley,…). Intuition confirmée par Deborah qui confie avoir été nourrie de ce cinéaste.
Un mot durant l’entretien sur l’affiche du film réalisée par un graphiste et sérigraphe de l’usine : Thomas Perrodin qui œuvre au sein du collectif Hécatombe, très impliqué notamment au moment du Monstrefestival, un événement dédié à la microédition accueilli à l’usine. L’affiche de Vox usini réalisée par T. Perrodin, synthétise plusieurs intentions de la réalisatrice.
Nous avons pu également poser la question rituelle du conseil de lecture de l’invitée : Deborah nous incite à lire « En un clin d’œil » de Walter Murch, paru en 2011. « Walter Murch est le monteur et le mixeur attitré de Francis Coppola. Depuis quatre décennies, il a observé, pratiqué, analysé et transformé le montage cinématographique. Partant de la question « Pourquoi les raccords fonctionnent-ils ? », Murch raconte les aventures les plus extraordinaires de sa carrière, dont celle d’Apocalypse Now, et se concentre particulièrement sur le passage de l’analogique au numérique. »
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Pour clore l’entretien, nous avons souhaité que Deborah évoque son passage, la veille chez nos voisins jurassiens, au SAS de Delémont dans le cadre de ce même Mois du film documentaire, une invitation où son film s’est déployé dans une version « augmentée », pas de réalité virtuelle mais plutôt, une projection accompagnée d’ateliers sérigraphies, proposés par l’usine.
Créer c’est résister ou créer c’est recommencer ailleurs ?
La programmation culturelle de l’usine :
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Bibliographie
Petite bibliographie alternative et jeune de poche : ouvrages disponibles à la médiathèque
Oh yeah! : 200 Pop-photos aus der Schweiz : 200 Photos pop de Suisse 1957-2014 [texte imprimé] / Musée de la communication. – Berne : Musée de la communication ; Zurich : Chronos Verlag, 2014. – 240 p.: ill. en coul.; 19,5×19,5 cm+ 1 45 tours. Le 45 tour contient deux titres de »The Cayman Islands » : »Tomorrow’s Clown » et »railroad tracks » . – ISBN 978-3-03-401263-8. Le 45 tour contient deux titres de »The Cayman Islands » : »Tomorrow’s Clown » et »railroad tracks » .
La marque jeune [texte imprimé] / Musée d’ethnographie; Le Breton, David. – Neuchâtel [Suisse] : Musée d’ethnographie, Neuchâtel (MEN), 2008. – 266 p.: ill. en coul; 27 cm. Publié à l’occasion de l’exposition »La marque jeune » présentée du 26.06.2008 au 16.05.2009 au MEN . – ISBN 978-2-88078-032-6.
Le présent billet souhaite rendre compte du workshop « Pratiques de l’écriture » sous la forme d’un compte-rendu multimédia (textes, photographies, dessins et sons) pour tenter de saisir ce qui a traversé cette expérience collective mettant en relation des individus et des lieux issus de contextes divers :
– le village de Bourogne : commerces et rues du village animés durant la pause déjeuner.
– le campement de 9 étudiants installé à proximité de la Bourbeuse et de la future ligne de train (Delle-> Belfort ; réouverture en décembre 2018) : 3 nuits
– le foyer de jeunes travailleurs, où une grande partie des étudiants étaient logés
– les collocations dans lesquelles certains étudiants sont allés chez des élèves de la Prépa.
Cette liste (Vertige de la liste) des personnes impliquées et des lieux traversés donne une vision des divers acteurs qui ont pu dialoguer ensemble dans des espaces diversifiés (qui?, quand ?, où ?)
Nous proposons 5 blocs thématiques en zigzags pour traduire le foisonnement qui a peuplé l’EMG quatre jours durant. Les étudiants tout en produisant des écrits dans le cadre des exercices proposés par Peggy ont pu papillonner dans la bibliothèque et découvrir des documents inspirants pour leur mémoire. Beaucoup ont souligné la dimension ludiquedu plan de classement proposé, les aidants à appréhender plus facilement leurs recherches, par rebond, par écho, … grâce aux multiples et potentielles constellations thématiques entrevues dans les rayons du fonds documentaire.
0Coordinatrice des 5eannée à l’ISBA : Avec elle, c’est sous la bienveillante compagnie de quelques ouvrages du Black Mountain College, que l’entretien débute. Isabelle s’intéresse beaucoup à la pédagogie, comme médium. Très investie dans l’observation de la transformation des écoles d’art depuis trois années, son regard et son implication auprès des étudiants est perceptible.
Isabelle nous recommande la lecture de Virginie Despentes et son « feuilleton » Vernon Subutex, épopée contemporaine en trois tomes.
Tour de table et entretien avec Martha, Madeleine et Daniele :
L’entretien débute par la lecture d’un extrait de Rothko (Lettre de 1941 : Le professeur idéal – Brouillon partiel de « Une analyse comparée » in Écrits sur l’art : 1934-1969 – Flammarion, 2005 p 55), puis se poursuit par une présentation rapide de chacun des trois enseignants qui soulignent la dimension expérimentale de ce workshop. Le fait de sortir de l’école incite les étudiants à se focaliser sur la question de l’écrit en art en dédramatisant les enjeux du mémoire. Ainsi réunis dans un cadre stimulant et dans un contexte nouveau, ils créent facilement une « configuration » propice à des exercices d’écriture ludiques, concrets et vivants (recherches, écriture, lecture à haute voix des textes produits, échanges et discussion sur les travaux réalisés par chacun à l’écoute du groupe ou des groupes). Constatant que l’ouvrage « Chercher : Jours après jours, les aventuriers du savoir » (Autrement, 2000 – 214 p. sous la dir. de Jean-François Sabouret et Paul Caro), ne contient aucun témoignage issu du champ de l’art, nous demandons ensuite à chacun des enseignants, ce que signifie la recherche en art… Vaste question qui fut discutée le 17/10 lors de la conférence de Madeleine Aktypi à l’école d’art de Belfort.
La bibliothèque in situ a souhaité rencontrer Peggy au petit-déjeuner, le 19/10, un temps privilégié pour discuter légèrement en repli : près de 20 minutes de conversation avec une autodidacte curieuse qui au fil des années a pris l’habitude d’animer des ateliers d’écriture donnant l’occasion à toute personne la possibilité de s’exprimer. Issue du journalisme web et du webmastering, Peggy est aujourd’hui chercheuse indépendante et responsable pédagogique. Elle a rejoint SMART. BE , une coopérative qui permet aux travailleurs indépendants belges de bénéficier de droits. Nous avons également souhaité lui demander de décrire un exercice proposé dans le cadre du workshop. 00
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Évocation des Ateliers des Horizons, un nouvel outil mis en place avec Béatrice Josse depuis son arrivée au Magasin de Grenoble en mars 2016 dans lequel Peggy est ponctuellement impliquée. Nous vous proposons également d’écouter le portrait de Peggy par une étudiante de l’ISBA, « dessiné » lors d’un exercice d’écriture, le premier proposé le lundi 16/10 après-midi. Exercice dont la consigne pourrait se résumer ainsi : « Mettez vous en binôme, écoutez l’autre se présenter et rédiger chacun, un petit récit pour présenter son partenaire.» 00
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Peggy nous recommande de découvrir la revue Jeff Klak qui allie comme l’indique son sous-titre, « critique sociale & expériences littéraires« . Une revue qui paraît depuis 2014 et qui a produit à ce jour 4 numéros.
Depuis un an, des « voyages documentaires » sont organisés en partenariat avec la bibliothèque de l’ISBA et la médiathèque de l’Espace multimédia gantner. Ils permettent à un groupe d’étudiants, de venir une fois par mois environ, avec un véhicule acheminé par l’école, travailler de 10h à 17h à Bourogne. Confidentielle (environ 6 étudiants par voyages) mais bien réelle, cette collaboration a pris une dimension plus conséquente durant ces quatre jours puisque ce sont 40 étudiants qui ont découvert l’EMG et sa bibliothèque : les livres, dvd et cd ont été manipulés, feuilletés, lus, annotés, photocopiés, photographiés (et pour certains empruntés en fin de workshop).
Petit aperçu d’une bibliothèque en chantier qui a bel et bien fait honneur à cette magnifique pensée de Péguy : « Un poète connu, compris, classé catalogué, qui gît imprimé aux rayons de cette stérile bibliothèque de l’Ecole Normale et qui ne serait point quelque part, qui ne serait point couvé dans quelque cœur, est un poète mort. »
Là encore, à ce stade du compte rendu, nous souhaitons donner à entendre quelques illustrations des séquences d’ateliers menées par les étudiants, notamment l’exercice décrit par Peggy dans l’entretien plus haut : la recherche d’un thème dans la bibliothèque, thème donnant lieu à l’écriture d’un texte par chacun des 7 étudiants des divers groupes constitués. Quelques exemples de sujets qui ont émergé après une visite de la bibliothèque : Métal Hurlant, le code, La Nouvelle vague, les images, le nucléaire, la techno, le futurisme. Chaque groupe a produit des textes très différents, rédigés dans un temps assez limité, sur des sujets très souvent inconnus des étudiants.
Petit florilège de textes captés lors des moments de restitution ou lors de pauses (relecture spécialement pour la captation). Il est intéressant de relever que les étudiants ont réagi de manière personnelle sur le sujet à traiter : ainsi, un étudiant pour son texte sur la nouvelle vague, a souhaité visionner un entretien de Godard afin de détourner son langage et son vocabulaire pour produire un texte inspiré par l’entretien qu’il venait de voir. Un autre concernant la techno, un courant musical qu’il ne connaissait pas du tout a feuilleté les ouvrages trouvés dans la médiathèque et s’est attaché à relevé le lexique (champ lexical de ce domaine) afin d’imaginer ensuite un texte d’un point de vue insolite : celui du Sound system, instrument emblématique de ce courant musical.
Autre exercice réalisé le dernier jour du workshop : chaque étudiant devait produire un court texte cernant l’une des notions clé abordée dans son mémoire, quatre exemples : le verlan, les objets, le flux et l’accident. Écoute des textes rédigés in situ :
Une expérience parallèle au workshop nous a également intéressés, celle du camping sauvage que 9 étudiants (filles et garçons) ont souhaité vivre durant trois nuits aux abords de l’Espace multimédia gantner. Aidés par une météorologie étonnamment clémente pour la mi-octobre, ce campement improvisé a permis aux 9 camarades de vivre ainsi trois soirées où se succédaient à chaque fois, un temps d’installation des tentes, de préparation des repas et de discussion en groupe, parfois jusqu’à tard dans la nuit. Nous avons été invités à rejoindre le camp de base des étudiants le 18/10, et sommes restés de 18h30 à 21h10 environ. Dans ce « décor » évoquant une forme de colonie de vacances, à la tombée de la nuit, nous avons saisi des instants du workshop en dehors du workshop (dedans/dehors), tout en s’occupant des taches logistiques (feu, tentes à monter, cuisine), les étudiants continuent à discuter de ce workshop, comment l’abordent-ils jour après jour… Le dictaphone tourne et enregistre quelques échanges du groupe, moments précieux où la parole se superpose au crépitement du feu et aux marmites en ébullition… la pensée s’anime et virevolte tout azimut ! Au moment de quitter les 9 étudiants après avoir partagé leur repas et échangé un peu avec certains d’entre eux, le dictaphone tourne encore involontairement… le poste de radio est branché et donne à entendre la voix de Nalini Malani, invitée au micro de Marie Richeux :
« La rébellion des morts sera la guerre des paysages, nos armes les forêts, les montagnes, les océans du monde. Je serai forêt, montagne, océan, désert, moi, c’est-à-dire l’Afrique, moi, c’est-à-dire l’Asie. »
Entremêlement de deux espaces géographiques perçus : le campement qui s’éloigne et un domicile sédentaire que l’on gagne kilomètre après kilomètre via son automobile. Une voix indienne succède aux voix des 9 étudiants que l’on vient de quitter. Et soudain, revient en mémoire, ce fragment recopié il y a quelques années et qui résonne souvent lorsqu’il est question de collectif (et de ce qui nourrit le collectif) :
» Même l’interaction la plus banale implique que nous participions aux constitutions de sphères. Sans cela, il n’y aurait pas de familles, pas de communautés de vie, pas de communes, pas d’équipe, pas de peuple; (…) il n’y a donc rien d’offensant lorsque je dis que nous sommes des radios vivantes, que nous pouvons nous caler sur des gammes d’ondes communes. » Peter Sloterdijk – in « Essai d’intoxication volontaire : entretien avec Carlos Oliveira », Hachette Littérature, 2001.
Merci aux étudiants du camping pour leur accueil et le plat de pâtes au thym et aux kncaki.
Ils ont pu prendre leur petit déjeuner au chaud dans une salle dédiée à l’étage de l’EMG, comme l’atteste cette photographie (à droite) prise le lendemain, le 19/10, vers 9h.
Nous avons souhaité demander à quelques étudiants de nous envoyer un document pouvant illustrer, documenter le workshop, une fois celui-ci terminé. Quelques envois reçus :
une photographie :
Légende : le camp (photo reçue de Quentin – ISBA)
Mail reçu d’Adèle le 26 octobre à 19:18 : Verbatim:
« Ce workshop, c’était avant tout un moyen de se retrouver. Après plus de 4 ans de vie commune à l’école, c’était la première fois depuis le voyage d’intégration que nous nous retrouvions (presque) tous ensembles pour quelques jours. Alors quand nous sommes arrivés à l’espace Gantner il y avait beaucoup de good vibes in da atmosphere. Ce workshop c’était surtout tout ce qu’on aura jamais à l’école, à savoir 6 « profs » (Martha, Isabelle, Daniele, Madeleine, Peggy et Fabien) rien que pour nos 35 petits culs pendant 4 jours. Ce workshop c’était royal; des intervenants à l’écoute, des exercices d’écriture efficaces, du temps de parole pour chacun et un fond de bouquins ultra impressionnant. O.K. la bibliothèque de l’ISBA est plutôt pas mal mais, l’espace Gantner propose un rayonnage de fou furieux sur la culture numérique et c’est un truc qui nous manque cruellement à l’école. Pour nous, futurs artistes et graphistes des temps modernes, qui plus est en pleine écriture du fameux mémoire, tous ces ouvrages sont précieux, et le fourbi d’informations qu’on peut y trouver l’est encore bien plus ! Pour tout dire avant ce workshop, je prenais l’écriture du mémoire comme un sale exercice imposé par le ministère (pour faire croire que les étudiants d’art savent aussi faire des grosses dissertations) bref j’attendais avec impatience le moment ou je pourrai commencer mon projet plastique. La semaine dernière, je crois qu’il s’est passé un truc, et la facilité avec laquelle j’ai pu trouver les informations dont j’avais besoin y est surement pour quelque chose… un grand merci. »
Une bibliographie a été élaborée durant le workshop et une vitrine dédiée installée près des espaces de travail dont voici un des titres : Écrire en tant qu’artiste de Jan Svenungsson, publié en 2012 par la HEAR. Édition originale de 2007.
Photographies : Madeleine Aktypi , Isabelle Massu (celles en noir et blanc) et Fabien Vélasquez
Remerciements : l’ISBA (Besançon) et l’EMA –École Média Art- FRUCTIDOR (Chalon-sur-Saône), les enseignants (Martha, Isabelle, Daniele et Madeleine), Peggy et tous les étudiants qui ont transformé la bibliothèque en ruche effervescente et joyeuse. Ce workshop a pu être réalisé grâce au soutien de la PLATEFORME, association des écoles d’art publiques en Bourgogne-Franche-Comté.
Joanna est la première artiste accueillie en résidence à Bourogne dans le cadre du projet Eucida. Arrivée d’Irlande, elle a passé 10 jours à Bourogne entre le 19 et 29 septembre dernier. La veille de son départ, nous avons souhaité l’interroger sur ces 240 heures passées en France, un temps de travail restreint mais propice à toutes les expérimentations…
Entretien co-animé par Flavien Paget, (jeune artiste originaire du Territoire de Belfort et diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Lyon qui vit à Dublin depuis 2015) et Fabien Vélasquez (documentaliste à l’espace multimédia). Version audio en anglais uniquement (sauf les questions traduites) et version texte, traduite avec la précieuse aide de Flavien Paget.
La transcription restitue l’oralité et la spontanéité de cet échange.
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FV : Comment as-tu découvert le projet Eucida ? Pourquoi as-tu présenté ta candidature pour cette résidence ?
« – J’ai appris l’existence du projet sur internet. Il existe une organisation en Irlande appelée Visual Artists Ireland et ils envoient un mail chaque semaine avec les opportunités. Je l’ai donc vu par ce biais en premier il me semble. Après j’ai dû aller sur le site, créer mon profil pour être ensuite apte à postuler à la résidence. Et la raison pour laquelle j’ai postulé à cette résidence est que j’ai toujours aimé la France et j’ai postulé à beaucoup de résidences car c’est une bonne chose à faire pour la suite de mon travail. Cette résidence en particulier semblait ouverte et propose une sorte de carte blanche. Il n’y a pas de demande précise, on ne te dit pas tu dois faire ça ou ça ou bien encore tu dois utiliser tel outil. Pour moi c’était vraiment libre et je me suis dit que je pouvais faire ce que je voulais… et ça c’est bien.
– FV : Pour toi, un temps de résidence, comment cela s’intègre dans ta démarche ? Pour aider à la maturation d’un projet ?
– Oui cette résidence en particulier, je l’ai choisie pour développer une partie précise d’un travail que je fais. Au début je me disais que je pourrais tout faire en sept jours puis après je me suis dit « non, c’est impossible ! ». Les résidences sont utiles pour mon travail car c’est assez libre et que je choisis quoi faire dans un espace adéquat et en dehors de mon environnement naturel et de ma vie quotidienne. J’oublie tout ça et j’ai le temps pour penser et développer des idées. Et je trouve que quand tu es dans un espace physique différent, écarté du monde réel, tu n’es plus concentré sur des choses comme faire les courses, trouver du boulot ou quoique ce soit d’autre. Ça libère tout l’espace dans la tête pour se concentrer sur autre chose. C’est pour ces raisons que j’apprécie les résidences. Celle-ci d’autant plus qu’elle est axée art digital et c’est le médium dans lequel je veux travailler ; j’aime beaucoup de médiums mais celui-ci me plaît particulièrement, et aussi le fait qu’il y ait un partenariat et pas mal de soutien m’ont séduit. De plus, il n’y a pas d’attentes spéciales à la fin, comme l’obligation de montrer mon travail dans une exposition. Je n’étais pas sous la pression d’une dead line, ni orientée vers quelque but précis. C’était vraiment : « Prends ce que tu as à prendre »
FP : Mais le temps est très court ?!
Oui c’est très court… la plus courte résidence que j’ai faite était de deux semaines donc celle-ci est très courte. Et puis ça paraît plus long parce que ce n’est pas réellement 10 jours. Tu arrives le premier jour, tu commences à travailler le second, j’ai pris mon dimanche… c’est plus sept jours finalement !
FP : Donc c’est assez intense…
Oui, mais j’ai eu beaucoup de temps de réflexion donc c’est bien.
FV : Tu as pu te plonger dans la bibliothèque de notre espace ? Quelles lectures t’ont inspirée ? Quel rôle joue la documentation dans ton « processus » créatif » ?
En effet, je cherchais dans les livres des références qui m’intéressent et.. .qu’est-ce qu’on a là ? Beaucoup de documentation comme NEURAL, un titre dont tu m’avais parlé. Et les magazines sont intéressants parce qu’ils détaillent les projets. Mais la collection est tellement énorme ici… et c’est un lieu fantastique ! Quand je suis arrivée et que Fabien m’a montré, je me suis dit « Oh wahou, il y a beaucoup à faire.»
FP : Ah oui et en 10 jours c’est pas évident !
Oui ! C’est super mais j’aurai pu passer chaque jour là-bas. Donc j’ai vraiment aimé les magazines car ils te donnent un côté caché des informations. Et après j’ai vu ça… j’ai des marque-pages partout, j’ai besoin de photocopié tout ça ! Et Fabien m’a parlé de ce livre, The Machine as seen of the mechanical age (curateur K.G Pontus Hulten) – 1968, sur la machine et l’âge mécanique, l’histoire des instruments mécaniques. La relation art-machine et comment cela a débuté avec la photographie mécanique et ce genre de choses…
FP : Tu es venue avec une idée mais est-ce que ces lectures ont changé ton idée de départ ou…
Non, pas vraiment. Et j’espérais qu’elles ne le fassent pas ! J’avais mon idée en tête et je feuilletais les livres pour juste voir comment les gens font les choses. Mais en effet non, rien n’a vraiment changé du projet lui-même. Parce qu’aussi je pense que je n’avais pas assez de temps pour faire évoluer ma recherche.
FP : C’était plus pour nourrir le projet.
Oui plus me nourrir que me dire « Oh mon dieu, il utilise du bleu, je devrais utiliser du bleu ! » Mais celui-là était intéressant… Celui-là ! Art and technology – 1967 à 1971. Et j’ai vu des références quelque part… c’est vraiment intéressant. En 1969, par exemple, donc il y a quelques années déjà, ils ont employé des artistes dans des entreprises aux USA pour développer des projets technologiques et artistiques. Des gens connus comme Andy Warhol ou James Turrell. Et c’est intéressant car ils ont une copie de contrats et des accords entre les artistes et les entreprises. Il y a par exemple une lettre de réponse d’un artiste qui dit qu’il n’est pas d’accord avec le contrat qui dit donner toutes les œuvres aux entreprises ! C’est intéressant à lire. Et voir ce qu’ils ont fait avec différentes entreprises. Regardez ça… Vous en connaissez certains ?
FV : Peut-être… c’est difficile à reconnaître…
Je n’ai pas vu ça en premier, c’est la deuxième chose que j’ai vue… En premier, je me suis demandé : qui sont ces artistes ? Puis j’ai vu qu’il n’y avait qu’une seule femme. Une seule femme sur environ cinquante artistes. Tout le reste n’est que des hommes et quand tu lis l’introduction, ils expliquent qu’ils ont choisi et invité un artiste à faire ce projet et les grosses entreprises pour travailler avec et après ils disent que les autres artistes ont eu vent du projet et ce sont joints. Et dans cet article, ils disent qu’ils ont un immense intérêt pour les femmes artistes. Ils disent en effet, dans l’introduction : … hmmm… peu importe ! « on a un grand intérêt pour les femmes artistes » comme si c’était si important, vous voyez, qu’il faille le préciser en introduction… et à la fin quand ils ont choisi les artistes, il n’y avait qu’une seule femme ! Enfin… 1969… les temps étaient différents ou peu importe. Et il y a aussi une autre citation de Paul Haviland … que j’ai trouvée dans ce livre aussi et c’est sur l’évolution de la technologie, des machines et des ordinateurs. Et la façon dont c’est écrit m’a sauté aux yeux !
FV : C’est une citation que tu as recopiée et accrochée dans ton atelier éphémère…
Oui, de Paul Haviland, un critique d’art français (N.D.L.R. : photographe et écrivain). C’est écrit en 1920 ou quelque chose comme ça. Et une chose que j’ai remarquée, c’est comme un manque de représentation féminine ! Et parfois on peut lire des mots de critiques « Que signifie la mécanique ? La machine est faite à mon image mais la machine est la fille sans mère. » Et ça, ça me frappe, il assimilait l’évolution de quelque chose, un être mécanique qui ne compte pour rien, que tu peux toujours recréer, encore et encore, comme un enfant qui naît sans mère mais là il en parle comme SON SON SON SON, sa fille (HIS daughter en anglais, soit la forme masculine du pronom possessif). L’homme est toujours le plus important. Et là je me suis dit, allez ça suffit, tu vois ! Donc ce qui m’a sauté aux yeux à la lecture de ces articles étaient des choses stupides ! Mais je ressens que c’est important pour moi en tant que femme artiste de poursuivre mes recherches. Et vous voyez, quand je vous disais que coder était difficile je me suis dit AAAAAAAaaaahhhhh… et j’ai toujours eu l’intention de poursuivre… c’est ce qu’il s’est passé cette semaine.
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FV : Peux-tu nous décrire en quelques mots ce que tu pu réaliser ici, ce que tu as présenté à l’équipe ce matin de manière informelle… le résultat de tes recherches depuis mardi 19/09, date de ton arrivée ? Et nous dire aussi comment s’est effectuée la collaboration « artiste-technicien » avec mon collègue Vincent, le programmeur de notre Espace ?
Alors j’ai travaillé sur des expérimentations mais le projet global est une installation vidéo appelée « looking away » donc c’est pourquoi je suis venue ici. Et quand je suis arrivée le premier jour je me suis dit que j’allais commencer à coder et c’était frustrant parce qu’il faisait très beau et je ne savais pas comment faire. C’est comme un tout nouveau monde et je n’étais pas heureuse, je ne m’éclatais pas vraiment. Donc le deuxième jour, je me suis dit OK, ce n’est pas possible. J’ai donc décidé que j’allais travailler sur des idées expérimentales et utiliser les espaces de galerie ici parce que coder revient à être assis en face d’un ordinateur dans un petit espace et je peux faire ça partout. Et ici, j’ai accès à des espaces d’exposition, beaucoup d’écrans, de projecteurs et de matériel auquel je n’ai pas accès d’habitude donc j’ai repris mes notes pour essayer des nouvelles choses… et je me suis concentrée là-dessus. En même temps, je parlais avec Vincent et il était vraiment pédagogue pour m’apprendre le code et m’a montré des exemples. On a discuté pour que je sache quelle technique digitale j’aurai besoin, quels capteurs utiliser pour mes vidéos interactives. Et après lui avoir parlé et avoir testé quelques trucs, je me suis rendu compte que j’aurai besoin de bien plus de code, capteurs et écrans que ce que je pensais au début ! Mais c’était bien parce que ça m’a permis de remettre mes idées au clair et préciser ce qu’il fallait pour ce projet de sucre rose et j’ai pu ensuite me concentrer sur les autres projets et installations. Donc ce que j’ai fait était : ne pas trop se concentrer sur la partie technique de code puisque je pourrai faire cela après mon retour en Irlande.
FP : Mais tu souhaites toujours le faire par toi-même ?
Oui et non. Le jour viendra où je ferai l’installation dans la galerie et je sais comment faire maintenant (jusqu’à lors, je mettais juste mes idées sur mon carnet de notes). Aujourd’hui, je sais comment faire les réglages, je sais quels programmes et quel matériel utiliser, j’ai commencé avec Vincent. Je ne sais toujours pas comment tout coder mais cela viendra maintenant que je sais ce que le code doit contenir ! Avant, j’étais dans une sorte de grand espace sans avoir ce dont j’avais besoin. Vincent m’a bien aidée… C’était quoi déjà la question ?
FP :Si tu avais déjà travaillé avec des techniciens ?
Ah oui, habituellement pour mes projets je travaille avec quelqu’un. Par exemple, les deux premières œuvres digitales interactives que j’ai réalisées : l’une a été faite avec un système particulier (? Je ne connais pas ce système N.D.L.R.). Ce n’était pas vraiment du code. Et l’autre pièce « The Empathy machine »…
FP : Ah oui, j’ai vu ce projet sur ton site, ça a l’air d’être un gros projet avec beaucoup de programmation… tu as pas fait ça toute seule ?
Non non ! Et pour cette nouvelle installation « looking away », j’aimerais commencer toute seule et je pense avoir besoin d’aide par la suite. Mais en même temps le logiciel, Processing, est fait pour les artistes et designers et maintenant que je sais ce dont j’ai besoin, je pense que je peux en faire la majeure partie seule et ensuite je peux juste faire une vérification (troubleshooting). Et puis tu peux tout trouver en ligne et où je vis (Dublin en Irlande NDLR) il y a plein de laboratoires où je peux trouver de l’aide. Et mon rôle est… tu sais, je me vois comme artiste visuel et je ne suis pas expert en code mais connaître un peu aide à ma pratique. Donc c’est bien de savoir de quoi il s’agit mais je ne suis pas focalisé là-dessus.
FP : Oui, c’est un autre métier… Et tu disais que tu étais intéressée par ces artistes qui travaillaient avec des grosses entreprises. Penses-tu qu’il serait intéressant de le refaire aujourd’hui ? Parce que je pense que Dublin est une ville intéressante pour faire ça, parce que toutes les grosses entreprises du numérique sont là-bas et il y a vraiment un environnement propice pour développer ce genre d’idées… Même avec les plus petites boîtes car il y a plein de start-ups…
Oui tu as raison. Je pense que c’est quelque chose que l’on pourrait développer. J’ai fait certaines résidences, comme pour réaliser « The Empathy Machine » avec NUI-G (National University of Ireland – Galway) et un centre de recherches pour les appareils médicaux. Quand tu travailles avec ce genre de structures, il y a des attentes des deux côtés. Et les attentes sont différentes pour les artistes et les entreprises. Je vois ce que tu veux dire dans cette approche, c’est probablement quelque chose qu’on étudie mais de mon côté je préfère aller vers des projets comme Eucida où tu viens et il n’y a pas vraiment de contrôle. Avec une entreprise, c’est un peu tendu. Et on a des attentes différentes. J’ai entendu que Google à Dublin a eu une résidence récemment et une artiste que je connais a été invitée à la faire. Elle s’est d’abord dit « c’est cool, je vais le faire » et elle a signé le contrat. Puis après elle a laissé tomber ! C’était tellement ordonné, étroit, ils voulaient quelque chose de vraiment spécifique. Ils voulaient l’utiliser pour leur propre communication. Ce n’était pas de l’art. La plupart des compagnies utilisent cela pour soigner leurs relations publiques.
FP : C’est triste.
Ce n’est pas vraiment supporter les artistes…
FV : Merci. On espère que tu auras une belle fin de résidence. Je te remercie au nom de tous mes collègues. C’était assez différent pour nous d’avoir une artiste étrangère en résidence, c’est la première fois je crois!
Légende : Marianne installant sa série de cartes à l’étage et aperçu de son dispositif de recherche dans l’auditorium
A l’occasion de la Journée « Enlivrez-vous » proposée à la médiathèque d’Héricourt, nous avons pu rencontrer Marianne Mispelaëre, une jeune artiste diplômée de la HEAR. Nous l’avions déjà croisée le 5 juin 2015, au Festival de la Revue de Lyon, où elle était venue présenter la revue TALWEG.
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Avec Silent Slogan, il s’agit d’un travail multiple et ouvert (en cours de réalisation), qui via une préalable recherche en ligne, s’attache à former un répertoire de gestes (souvent la main) de diverses personnes souhaitant s’exprimer. Marianne tente de déceler ici, une présence dans la sphère publique en observant la contamination d’un geste « à un moment donné, avec sa culture, ses mœurs, avec ce qui compose l’invisible de nos sociétés » dans un même contexte et sur des parties différentes de la planète (États-Unis, France, Éthiopie, Hawaï, Nigeria, Cisjordanie, Palestine, Israël, Ukraine, Chine, Thaïlande, Égypte, Yémen, Tunisie).
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Flux
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Voir le monde à travers un écran d’ordinateur, c’est une manière de s’exercer à la lecture d’informations sur Internet. Marianne effectue ensuite un travail de recomposition d’images : recadrées, teintes en noir et blanc, formant ainsi une série à la fois anonyme et collective.
Collection
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0Des expériences : c’est le credo de Marianne. Observer les filiations artistiques et temporelles est secondaire. Ces gestes universels contiennent des significations précises : Composer avec un geste pacifique ou incitant à la haine : comment négocier avec ces gestes là ? Gestes confiés à celui qui s’empare des cartes diffusées gratuitement par l’artiste…
Si cette démarche évoque intuitivement le concept de collection (On pense à Hans Peter Feldmann), Marianne situe son travail dans une recherche plus personnelle bien qu’inscrite dans la continuité d’autres artistes ayant utilisé la carte postale comme vecteur de leur production (On pense notamment au Mail art ou à Susan Hiller).
Pour poursuivre l’exploration du travail de Marianne, nous lisons un extrait du Baiser de l’adieu, un texte où elle décrit l’une des cartes de sa série. Texte paru dans le numéro 5 de la revue TALWEG.
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Marianne va prolonger son séjour à Héricourt lors de deux périodes de résidence (au lycée et dans les écoles de la commune), une invitation qui, avec l’inauguration simultanée du Fab-Lab installé dans la médiathèque, constitue la préfiguration d’un véritable Pole arts graphiques abordant divers aspects : production et artisanat [Fab lab], création et constitution d’une collection [résidence & artothèque], des services nouveaux pour une médiathèque résolument ancrés dans le contemporain.
Légende : Les gagnants du concours-jeu de piste-enquête lors de l’inauguration du Fab lab
Bibliographie (non exhaustive) Disponible à la médiathèque de l’EMG :
Des gestes De la pensée [texte imprimé] / Désanges, Guillaume, Commissaire d’exposition; Cherboeuf, Frédéric; Maire, Benoît, Artiste; Maiolino, Anna Maria, Artiste; Janssens, Ann Veronica, Artiste. – Paris : Fondation d’entreprise Hermès, 2013. – 19 p.: ill. en coul.; 38 cm. – (Journal de La Verrière; 1) . Publié à l’occasion de l’exposition à La Verrière (Belgique) du 20 avril au 13 juillet 2013
The nine eyes of Google Street View [texte imprimé] / Rafman, Jon, Auteur; Aubry, Guillaume, Auteur. – Paris : Jean Boîte éditions, impr. 2011. – 1 vol. (non paginé [ca 160] p.): nombreuses ill. en coul., couv. ill. en coul.; 24 cm. – (Follow me; 1) . Texte français et trad. anglaise en regard . – ISBN 978-2-365-68001-1 :
.. donstopdonstopdonstopdonstop [texte imprimé] / Obrist, Hans Ulrich, Auteur; Tincelin, Aude, Traducteur; Douroux, Xavier, Editeur scientifique; Birnbaum, Daniel; Bossé, Laurence; Bernard, Christian; Hou, Han ru; Price, Cédric; Robbins, David; Kowalski, Grzegorz Maria. – Dijon : Les presses du réel ; Zurich : JRP-Ringier, impr. 2007. – 1 vol. (263 p.); 21 cm. – (Documents. Documents sur l’art; 5). Recueil de textes parus dans diverses publications depuis 1990. – ISBN 978-2-84066-222-8
gestes (Les) [texte imprimé] / Flusser, Vilém, Auteur; Bec, Louis, Postfacier, auteur du colophon, etc.; Partouche, Marc, Editeur scientifique. – Paris : Ed. Hors commerce ; Cergy : D’arts, 1999. – 211 p.: couv. ill.; 28 cm. ISBN 978-2-910599-56-0
Un exemplaire de la série des 32 cartes éditées par Marianne Mispelaëre (inventorié et classé en réserve) peut être consulté sur place et utilisé pour tout visiteur curieux qui le souhaiterait.
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Texte et entretien : Fabien Vélasquez
Remerciements : Marianne Mispelaëre et l’équipe de la médiathèque intercommunale d’Héricourt.
La rencontre a débuté par une lecture à deux voix : l’auteure et la comédienne franco-suisse Irène Jacob (qui a effectué le choix des extraits lus, fragments issus de Troisième personne, le dernier ouvrage de V. Mréjen publié chez P.O.L). Un entretien a suivi avec un modérateur autour de ce livre paru en janvier 2017. La bibliothèque en vadrouille donne à entendre environ 10 minutes de la lecture et deux moments de la discussion captés durant l’entretien.
Lecture, V. Mréjen et Irène Jacob : (extrait)
Extrait de l’entretien :0
Écoutez, un magnifique éclat de rire, spontané et vif de Valérie Mréjen lorsque son contradicteur lui demande d’évoquer une scène à propos de voilage, et tringles décrits dans son appartement.
En fin de « séance », le film Leur histoire (2014) a été projeté, celui-ci est visible en ligne sur le site internet de l’artiste.
Légende : cartes postales utilisées dans Leur histoire.
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Synopsis :
Un homme et une femme dînent dans un restaurant. Leurs propos sont ponctués d’images de paysages, de villes, de routes de montagnes, de places vides, toutes tirées de cartes postales. Les phrases qu’ils s’échangent forment peut-être l’ensemble chaotique de l’histoire déjà longue qu’ils vivent ensemble. Peut-être l’un et l’autre projettent-ils ce que deviendrait entre eux une possible histoire d’amour. Peut-être chacune de ces hypothèses est-elle vraie en même temps.
Un entretien avec l’artiste prolongera ce succinct compte-rendu.
Les fonds départementaux conservent à ce jour, 4 documents de Valérie Mréjen : deux livres et deux dvd.
Dispute et autres embrouilles (Une) [texte imprimé] / Mréjen, Valérie, Auteur. – Paris : PetitPOL, 2004. – 83 p.: ill.; 13 x 18 cm.ISBN 978-2-7510-0057-7 / à Belfort
Eau sauvage [texte imprimé] / Mréjen, Valérie, Auteur. – Paris : Ed. Allia, 2004. – 92 p.: couv. ill. en coul.; 17 cm. – ISBN 978-2-84485-136-9 / à Bourogne
Double Change n° 1 : Archive filmée de poésie (2004-2005) [document projeté ou vidéo] / Pasqualini, T. Dominique, Éditeur scientifique; Auteur; Mréjen, Valérie,. – Dijon : Les presses du réel, 2009. – 9 DVD vidéo. / à Bourogne
Valvert [document projeté ou vidéo] / Mréjen, Valérie, réal. – DLL, cop. 2008 / à Delle
Nos collègues de la bibliothèque Municipale à Belfort ont également 4 documents dans leurs collections : dont un seul en commun (Eau sauvage).
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Texte, photographies et bibliographie : F. Vélasquez
C’est dans un local qui abritait jadis une ancienne usine à soufflets à bois, que Christophe Dabitch (6 références dans les collections départementales), La compagnie La tierce, Anne Leroy, Maxime Couturier (inventeur d’un objet d’un nouveau genre, le Portum), Sébastien Gazeau et Book on the move se côtoient et interagissent dans un cadre de vie/de travail aménagé par l’architecte aujourd’hui propriétaire du bâtiment. Ce dernier souhaitait que la dimension « productive » et « créatrice » du lieu soit maintenue, c’est dans cette optique, que 7 personnes se partagent le bail, chacun œuvrant dans une activité pouvant bénéficier potentiellement aux autres.
En cet après-midi de débout août, nous rencontrons donc Agnès et Stéphanie qui animent aujourd’hui en tandem une étonnante librairie itinérante dédiée à la danse et à la performance. Début de l’entretien : Agnès rappelle d’abord l’historique de cette aventure qui débuta à Berlin en 2008, avant que ce projet (micro-entreprise devenue une association) ne déménage à Bordeaux en octobre 2013. Puis, évocation des diverses configurations dans lesquelles la librairie intervient : tables de livres à la fin des spectacles de danse dans Bordeaux Métropole, Festival Campingau CND, à Pantin, festivals internationaux de danse en Allemagne,…
Comme à notre habitude, nous profitons de ce foisonnant temps de discussion avec ces deux « expertes » pour leur demander un conseil de lecture à chacune. Stéphanie nous présente la revue « GENERATION : recherches sur la danse », initiative de Marion Fournier, jeune chercheuse à l’université de Metz. Ayant trouvé la veille de notre rendez-vous, aux Emmaüs Darwin, un tiers-lieu, situé sur la rive droite de la Garonne, le livre de Michel Lancelot : Le jeune lion dort avec ses dents : génies et faussaires de la contre-culture (1974) dans lequel nous avions constaté que la bibliographie ne semblait pas aborder la danse… Agnès la complète avec pertinence, en citant l’ouvrage collectif pour lequel, elle a traduit des écrits de Simone Forti aux éditions Contredanseen Belgique, en 2000. A noter, qu’en lien avec cette publication déjà ancienne, se tient jusqu’au 17 septembre 2017 au Carré d’art de Nîmes, une exposition intitulée « A different way to move », où la figure de Simone Forti côtoie d’autres pionniers du minimalisme et de la postmodern dance (C. André, T. Brown, L. Childs, Y. Rainer,…) Catalogue bientôt disponible à la médiathèque de l’EMG.
Éditions Contredanse, Oct 2000 – EAN : 9782930146171
Du studio de Merce Cunnigham à aujourd’hui, le parcours et les enseignements de la danseuse et chorégraphes américaine qui continue de transmettre, d’écrire et de performer à travers le monde. Numéro consacré à Simone Forti, figure majeure de la danse post-moderne américaine. Comprend notamment la première traduction de son ouvrage Manuel en mouvement, qui retrace, d’un point de vue personnel, l’évolution de ses influences et de son œuvre, et se complète de deux textes abordant son travail plus récent.